Locataires chassés des quartiers centraux

Nathalie Côté, Droit de Parole, Québec

«La lutte pour le droit au logement est plus actuelle que jamais», c’est ce que rappelait France Émond, lors du lancement d’un document Défendre nos droits. Rester chez soi!, au Tam-Tam Café le 14 mars dernier.

Les 45 groupes membres du Regroupement de comités logements et d’associations de locataires au Québec (RCLALQ) dénoncent les stratégies actuelles auxquelles font face les locataires dans les grandes villes du Québec : spéculation, expulsions, changements d’affectation. Le regroupement presse le gouvernement d’agir. «Le parc locatif s’érode et les locataires sont chassés des quartiers centraux» constate la coordonnatrice du regroupement, France Émond. Il est, en effet, de plus en plus difficile – les locataires le savent – de trouver des logements abordables et de qualité dans les centres-villes.

 

Des solutions concrètes

Pour stopper la spéculation, le RCLALQ propose notamment que le gain en capital soit imposable à 100% si un propriétaire procède à la revente rapide d’un immeuble moins de deux ans après son achat.

Il est actuellement imposable à 50%. Le regroupement demande également un moratoire sur les conversions en condominimum dans toutes les villes du Québec, lorsque le taux d’inoccupation des logements locatifs est inférieur à 3%. Plusieurs problèmes ont été identifiés par les groupes de défense des locataires. On assiste de plus en plus à des transformations de logement en gîte touristique et en résidence de tourisme. Cela diminue encore la quantité de logements disponibles. Le RCLALQ demande que ces pratiques soient interdites.

 

Les villages ne sont pas épargnés

Un autre phénomène a été nouvellement identifié dans les campagnes, comme le relate France Émond : «Dans certaines de nos plus belles régions touristiques, quelques familles bénéficient d’un logement de septembre à mai. Avec l’arrivée de la belle saison, ces familles doivent s’installer au camping municipal pour laisser la place à des touristes qui paieront cher pour les logements.»

Étant donné le nombre grandissant d’évictions, de démolitions et de changements d’affectation des logements, le RCLALQ demande qu’elles soient interdites. Cette revendication est très importante. Elle pourrait ralentir l’actuelle disparition de logements abordables comme on l’observe d’ailleurs dans les quartiers centraux de Québec.

 

Qu’en dit le gouvernement?

«Nous avons rencontré le conseiller du ministre responsable de l’habitation, Sylvain Gaudreau pour lui présenter notre document», relate France Émond. «Ils ont demandé à la Régie du logement de trouver des solutions pour protéger le parc de logements locatifs. La réglementation pour l’obtention de permis dans les cas d’agrandissement ou de subdivision de logements devrait être resserrée par un règlement municipal. Pour nous ce serait une avancée» conclut-elle.

On le souhaite pour les locataires de Saint-Sauveur, de Limoilou et de Saint- Roch où les spéculateurs immobiliers continuent de sévir.

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