Y a-t-il un médecin dans la salle ?

Pascal Alain, Graffici, Gaspésie

Pierre Biron et Fernand Turcotte ne sont pas des médecins comme les autres. Ces deux hommes, passionnés par Carleton depuis des décennies, s’adonnent à la « pharmacritique ».

L’expression leur sert à désigner les rares observateurs indépendants qui dénoncent les lobbies et les conflits d’intérêts pouvant mettre la santé en danger. Je me suis entretenu avec eux lors de leur passage à Carleton l’automne dernier.

Pierre Biron entretient une relation avec Carleton depuis sa tendre enfance par sa mère, une Alain, originaire de l’endroit. Il en a passé, des étés à Carleton. Quant à Fernand Turcotte, il connaît la ville depuis les années 1970 puisqu’il a épousé une Allard de ce coin de la Gaspésie. Pas un été ne passe sans qu’il ne s’arrête dans ce village de la Baie-des-Chaleurs.

Dénonçant les rapports entre l’industrie pharmaceutique, la médecine et les usagers, Pierre Biron et Fernand Turcotte font partie d’une classe à part au Canada. Qu’est-ce qui ne va pas dans le système? Turcotte va droit au but : « On n’attend pas du gouvernement qu’il nous protège contre une éruption volcanique. Mais on devrait s’attendre à ce qu’il nous mette à l’abri de toutes les menaces qui sont contrôlables. Quand il est question de la pollution systématique d’une partie de notre alimentation, la partie mise en conserve par exemple, il faut intervenir!

Nos gouvernements ont un devoir de vigilance. S’ils ne nous mettent pas à l’abri de ces menaces-là, qui va le faire? » Les deux hommes comprennent mal l’existence d’une complicité médicopharmaceutique qui nous détourne du savoir médical et de la rigueur scientifique.

M. Biron explique : « Les grands déterminants de la santé, ce sont les statuts social, économique, éducationnel et environnemental. La cohésion sociale, l’entraide, l’environnement, l’éducation, la prospérité, ce sont tous des facteurs de longévité. On est loin de la médecine, là, on parle de facteurs sociaux! On s’attendrait à ce que le gouvernement protège ces quatre statuts, mais il ne le fait pas. La médecine préventive existe-t-elle vraiment? Pour faire de la médecine préventive, il faudrait améliorer les quatre statuts. »

En santé publique, un des outils de prévention sous contrôle direct du médecin est la vaccination. Les deux médecins reviennent sur la pandémie de 2009. « Avec la grippe H1N1, il y a eu vaccination massive non justifiée, déterminée par des experts très près de l’industrie du vaccin. Il y a une corruption au niveau de la santé publique mondiale. L’OMS (Organisation mondiale de la santé) a convaincu des pays et des départements de santé publique de faire vacciner les gens. On a dépensé des fortunes en promotion. Le Québec a été un cas à part au Canada et dans le monde. Il n’y a pas d’autre endroit où on a autant entendu parler de la H1N1. Le Québec a encore moins le sens critique que d’autres pays », souligne le Dr Biron. Le Dr Turcotte ajoute : « Le Québec a un meilleur système de santé publique que toutes les autres régions au Canada. Dans ce sens-là, on a été victimes de notre avantage. »

Que pensent-ils de la privatisation du système de santé ? « Les compagnies pharmaceutiques font un lobbying incroyable. Ils ont de l’argent, ils en donnent aux partis politiques, aux universités, aux chaires de recherche, aux docteurs, dit le Dr. Biron. Un médecin a beaucoup d’influence sur les dépenses en médicaments. Il se fait trop de prescriptions pour des motifs non justifiés. Tous les médicaments se vendent trop chers; la marge de profit des compagnies pharmaceutiques est pire que celle des industries de l’armement, du pétrole et de l’agro-alimentaire. » Fernand Turcotte conclut : « Notre obligation professionnelle, c’est de rappeler l’état actuel de la connaissance et de l’appliquer sans déformation, puis de s’assurer que cette information se rende à tous les gens qui en ont besoin et qui veulent travailler correctement. »

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