Jacques Grand’Maison et le Pape François

Jocelyne Annereau Cassagnol, Le Sentier, Saint-Hippolyte

Sociologue, théologien, prêtre, écrivain prolifique et récipiendaire de multiples honneurs, Jacques Grand’Maison a récemment fait la Une des journaux régionaux. En effet, la Ville de Saint-Jérôme lui a rendu hommage pour son engagement et son apport à notre société. Actuellement, il rédige un autre livre Pour la spiritualitélaïque qui promet d’être fort intéressantpuisqu’il met en contrepoint pensée et celledes athées. Il salue Benoît XVI pour sa décisionde quitter la Papauté après s’être rendu comptede ses limites. À ma question sur le cardinalOuellette et sur ce qu’il pensait de sa candidature,il m’a répondu par un silence. Par contre,sur la venue du Pape François…

 

Un tournant magistral pour l’Église

D’entrée de jeu, au moment où l‘Église vitune crise majeure, l’élection du Pape Françoisreprésente un tournant capital. En effet, depuisle Pape Jean XXIII, la Curie romaine* a reprisles rênes du pouvoir et ses hauts fonctionnairescléricaux ont imposé leurs règles et leurvision de la chrétienté. La tentative de Jean XXIIIde contourner la Curie en impliquant tous lesévêques dans Vatican II n’a été que temporaire.

Repliée sur elle-même, autosuffisante, la Curies’est empressée de refermer les portes ouvertespar Jean XXIII au Concile de Vatican II, laissantà ses successeurs Paul VI, Jean-Paul II et BenoîtXVI le rôle de ministre des Affaires extérieures.

L’élection de ce Pape, c‘est un choix pour se libérer de la Curie Romaine, croit-il. Le Pape François porteur d’espoir Ce n’est pas un homme de pouvoir. On est en face d’un homme issu d’un milieu humble et qui résidait dans un logement modeste en Argentine, refusant les apparats et privilèges inhérents à la fonction de cardinal. On a appris qu’il utilisait les transports en commun et qu’il était très proche des enfants, des pauvres et des malades. Depuis son élection, il se mêle à la foule, refuse les vêtements pontificaux protocolaires.

Il va travailler avec les évêques, ce qui laisse entrevoir une possibilité de déblocage à la crise que vit l’Église. C‘est à ses valeurs évangéliques qu’on juge une société.Très proche des communautésjuives argentines, tout laisse à penserqu’il sera près des autres Églises. Ila déjà déclaré que le célibat desprêtres est une discipline et non un articlede la foi. Ça donne à réfléchir…

L’Église, 200 ans de retard sur son temps Le cardinal Martini, maintenant décédé,était quant à lui au coeur de la modernité et déclaraitouvertement que l’Église affichait 200 ansde retard sur son temps. Lors du premier millénaire,les communautés chrétiennes choisissaientleur pasteur et la théologie n’était pas prédominante.

Au deuxième millénaire, les communautés chrétiennes ont perdu de leur importance au profit du Magister de la tradition et des Écritures saintes et tout un système bureaucratique de gestionnaires s’est mis en place au fil des siècles. Au troisième millénaire, cette communauté de laïques va-t-elle redevenir le pivot, l’axe essentiel?

Le Centre de gravité doit se déplacer Selon Jacques Grand’Maison, la doctrine socialede l’Église repose encore sur le principede subsidiarité : l’escalier, on le construit debas en haut, mais on le balaie de haut en bas.

Quand tu agrandis une bâtisse, même si tu utilises des matériaux neufs au deuxième étage, il faut d’abord t’assurer de la solidité des fondations et du premier étage. Le nouveau

Pape va travailler et cheminer avec les évêques et le centre de gravité va se déplacer. François d’Assise, lui aussi très proche des humbles et des hommes, s’est démarqué de la Cité médiévale enroulée sur elle-même. Il a travaillé à l’intérieur de ce monde qui naissait. Le Pape

François prendra-t-il le même tournant? Nous donnera-t-il l’espoir de repenser les valeurs chrétiennes et de nous inscrire dans le meilleur de la vie moderne? Jacques Grand’Maison voit tout ceci comme une chance, une grâce et un immense espoir.

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