Les relais d’information, une précieuse ressource pour les journaux communautaires

Katy Duchesne, collaboration spéciale avec le journal L’Écho de Saint-François, Saint-François-de-la-Rivière du Sud

Dans le cadre de son 20e anniversaire de fondation, le journal communautaire L'Écho de Saint-François a convié le 16 mars dernier, à la Maison de la paroisse, les responsables d'organisations communautaires ainsi que les jeunes de la municipalité de Saint-François-de-la-Rivère-du-Sud à prendre part à deux tables rondes où l'implication citoyenne était au coeur des discussions. D'abord, en début de matinée la première table ronde avait pour sujet L'utilisation des relais d'information dans la communauté.

Pour animer cet échange fort intéressant et présenter les réalités communes et à la fois particulières auxquelles sont confrontés les médias communautaires en fonction de leur milieu, trois invités ont présenté les caractéristiques du journal dans lequel ils s'investissent avec passion et détermination.

Ainsi, M. Marc Boutin représentait le journal urbain, Droit de parole, distribué au centre-ville de Québec, pour sa part, la directrice régionale de l'Association des médias écrits communautaires du Québec (AMECQ), Mme Manon Fleury présentait le journal communautaire Coup d'oeil sur Saint-Marcel alors que M. Raymond Bégin faisait découvrir à l'assistance le journal Le Hublot de L'Islet.

Pour mettre la table aux discussions qui allaient s'amorcer, Marc Boutin a décrit sommairement le Droit de parole soit, un journal fondé il y a 40 ans par un groupe de citoyens contestataires et de femmes de maris syndicalistes qui dénonçaient à cette époque, certaines mesures et décisions prises quant à l'avenir du centre-ville de Québec. Ce journal est aujourd'hui distribué à 17 000 copies à raison d'une fois par mois. Ainsi, pour cette publication, l'utilisation des relais d'information prend tout son sens puisque la publication a comme mission de donner le pouvoir de s'exprimer aux gens qui n'ont pas la chance de faire partie de l'élite sociale ou encore de la majorité. Ce sont donc les personnes qui résistent face aux décisions politiques ou qui dénoncent certaines situations qui deviennent principalement les auteurs du contenu.

Il ne suffit de penser qu'aux mouvements communautaires, aux organismes à but non lucratif, aux personnes bénéficiant des divers programmes sociaux qui décrient des problématiques ou des phénomènes sociaux. Aux dires de Marc Boutin, ce journal se veut « le porte-parole, la voix des gens qui veulent changer les choses. » Il ajoute que les relais d'information servent, entre autres choses, à soulever des débats par le biais des opinions qu'ils présentent au grand public.

Du côté du Coup d'oeil sur Saint-Marcel, la réalité est tout autrement puisque les 450 habitants de la municipalité sont invités à devenir des relais d'information étant donné que le journal local est presque entièrement rédigé par les résidents et en collaboration avec la Municipalité. Loin d'être un journal d'opinions, le Coup d'oeil sur Saint-Marcel est davantage un journal citoyen relatant les bons coups des paroissiens, publiant des chroniques rédigées par des gens qui développent un domaine d'expertise en particulier et qui se portent volontaire à soumettre leurs textes. Toutefois, Manon Fleury, la responsable du journal, souligne au passage « que les gens aiment lire le journal, mais qu'ils ne sont pas tout à fait conscients du fait qu'ils peuvent y prendre part davantage, cela peut-être par peur de passer pour la personne qui veut attirer toute l'attention sur elle » avant d'ajouter qu'il vient parfois lourd d'aller au-devant de l'information de proximité, et ce, avant que les nouvelles ne se retrouvent dans des journaux de plus grande notoriété.

En ce qui concerne Le Hublot, un journal d'un peu plus de 15 ans distribué à 1900 exemplaires dans le grand L'Islet, il semble également pour cette publication que le contenu repose sur le dévouement des gens. Faisant référence aux groupes de l'âge d'or, aux cercles de fermières, aux maisons des jeunes et à divers autres groupes, Raynond Bégin mentionne que « Pour notre contenu, nous faisons appel aux lecteurs pour nous nourrir d'information et ça marche! Nous modelons l'information reçue à notre image. »

Bien qu'ils vivent une réalité qui leur est propre chacun de ces trois journaux ont certes un point en commun, celui d'être soumis à peu de ressources humaines et financières pour produire un mensuel d'information qui doit à la fois susciter l'intérêt du lectorat tout en s'approvisionnant de ses actualités et en l'incitant à devenir lui aussi un relais d'information au sein de la communauté. Fort heureusement, la passion, l'intérêt et le souci d'un produit de qualité guident ces gens de l'écrit à laisser leur marque et à diffuser cette information citoyenne qui, disons-le, est peut-être parfois trop discrète.

classé sous : Non classé