Les premiers pas d’un jury prestigieux

Jean-François Aubé, Graffici, Gaspésie

Un groupe d’étudiants du Cégep de la Gaspésie et des Îles participe au Prix collégial du cinéma québécois (PCCQ).

Une première rencontre s’est tenue le 13 février au Café étudiant du campus de Gaspé. Quelques minutes après la projection, les visages encore bouffis par l’émotion et crispés par la cruauté du destin dont ils viennent d’être témoins, 14 étudiants s’apprêtent à débattre. L’univers duquel ils s’extirpent est celui de Rebelle, ce long métrage de Kim Nguyen qui raconte la cruelle épopée d’une jeune africaine dont la carrière d’enfant-soldat débute lorsqu’on l’oblige à tuer ses propres parents.

Une fois réconcilié avec le retour éblouissant des néons, le groupe entame une discussion qui ne tarde pas à s’enflammer. Julien Bourcier, étudiant en Arts, lettres et médias, affirme que certains passages du film rappellent la responsabilité de l’Occident dans les guerres africaines.

Emmanuelle Mazeau, étudiante en Sciences humaines, salue le choix du cinéaste de faire vivre la violence sans la montrer explicitement. Quand éclate une polémique sur les enfants-soldats, Merdad Hage, enseignant en cinéma et coanimateur, parle de la guerre du Liban, qu’il a connue, et assure que l’enrôlement de jeunes filles est bel et bien une réalité dans ce genre de conflit.

Cette chimie de groupe, qui en est à ses premiers balbutiements, sera sollicitée encore quatre fois. Les étudiants auront à exercer leur esprit critique sur Laurence Anyways, Camion, Over my dead body et Roméo Onze, afin d’élire leur film québécois préféré. Une trentaine de cégeps font de même. Le 25 mars, un représentant de chaque institution se rendra à Montréal pour défendre son choix lors d’un ultime débat qui doit déterminer le grand vainqueur.

« Le PCCQ, qui en est à sa deuxième édition, est calqué sur le Prix littéraire des collégiens », explique l’enseignante Annie Arsenault, qui coordonne, à Gaspé, les deux concours. « Le Prix littéraire des collégiens est souvent considéré par les auteurs et le monde littéraire comme le prix le plus important au Québec. Le verdict des collégiens est prestigieux et convoité. Les libraires l’attendent avec leur collant prêt à apposer sur le roman primé. Constatant la popularité du Prix littéraire et l’intérêt des jeunes pour le cinéma, je pense que le PCCQ est voué au même succès », conclut-elle.

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