Virages à droite au P.Q. Politiques en trompe-l’œil

Pierre Mouterde, Droit de Parole, Québec

Pas de doute, tout le monde l’attendait ce sommet sur l’enseignement supérieur de février 2013: un véritable rendez-vous; l’occasion de solder des comptes, d’avoir enfin l’heure juste, de savoir ce que le nouveau gouvernement du Parti québécois allait faire des formidables espoirs et aspirations réveillés par le Printemps Érable.

La justice sociale, la défense du bien commun, le projet d’une université conçue comme un service public, n’est-ce pas ce pour quoi à Droit de Parole on lutte et on veut se faire entendre depuis déjà tant d’années, et n’est-ce pas ce qui gisait au coeur des protestations étudiantes de l’année dernière ?

 

Quand Pauline arborait le carré rouge

 

On ne le dira jamais assez, le Printemps Érable n’a pas d’abord été «une crise sociale» regrettable, une crise sur laquelle il fallait au plus vite tourner la page. Il a été l’occasion offerte, forgée par les étudiants et étudiantes du Québec de réfléchir à voix haute au cours pris par l’éducation à l’ère néolibérale dans la Belle Province. À la manière d’un salutaire exercice de réflexion collective, puisque ceux et celles qu’on avait fait taire et repoussés à la marge, pouvaient enfin se faire entendre en toute clarté.

En n’oubliant pas de rappeler que cet espace de liberté a été conquis durement, au fil de plus de 4 mois de grèves, de manifestations journalières, d’affrontements avec la police, d’amendes salées (toujours pas effacées), d’une loi spéciale liberticide, de procès devant les tribunaux, au fil aussi-il faut le rappeler–d’une créativité politique étudiante de tous les instants.

À l’époque, tout le monde avait été obligé de prendre parti, de montrer ses couleurs: y compris le Parti québécois. En tant qu’opposition officielle et devant la vague d’enthousiasme suscitée au sein de ses propres rangs par une telle renaissance de la parole collective, le Parti québécois, avait dû lui aussi appuyer le mouvement, tout au moins «surfer» sur lui. Donnant l’impression, qu’en dépit de tout, fidèle en cela à ses origines progressistes, il était à ses côtés.Rappelez-vous: il y a quelques mois encore Pauline Marois arborait le carré rouge, battait de la casserole !

 

Tant d’hypocrisie

De même, est-ce plutôt avec sévérité que l’on doit faire le bilan de ce sommet qui au-delà d’hypothétiques chantiers à venir, n’a accouché que d’une seule mesure décisive: l’indexation des droits de scolarité (à 3%). Tant d’hypocrisies, de manoeuvres de bas étage, tant de désaveux de la part d’un parti qui prétend par ailleurs proposer un projet de souveraineté émancipateur à tout un peuple; en somme tant de compromissions pour arriver à un tel résultat, c’est pour le moins pathétique. D’autant plus qu’au sein même de la famille souverainiste, s’étaient élevées des voix en faveur de la revendication numéro 1 des étudiants: celle du gel des droits de scolarité. Parizeau lui-même (ex premier ministre, exministre des Finances) y était allé de son grain de sel de vieux sage. Sans parler de l’aile jeunesse du Parti québécois ! Et que l’on ne nous dise pas ainsi que l’a fait Pauline Marois pour tenter de brouiller les cartes que l’indexation c’est la même chose que le gel. Entre les deux il y a toute la différence du monde. Car si avec l’indexation, on reste dans la logique de l’utilisateur payeur propre au système néolibéral, avec le gel, on s’offrait la chance d’aller pas à pas et raisonnablement (dixit Parizeau) vers la gratuité, tout en renforçant ce service public que devrait être l’éducation. Le Parti québécois a ainsi choisi son camp.

On s’en souviendra !

 

Agnés Maltais en remet : politiques sociales à la sauce péquiste

Député de Taschereau (se trouvant donc au cœur du territoire desservi par Droit de Parole), on ne peut qu’être attentif à ses prises de position, surtout quand ces dernières ont à voir avec le sort et les conditions de vie des plus démunis.

De quoi cette fois-ci tomber de sa chaise: celle qui a vécu longtemps dans le quartier Saint-Jean-Baptiste, celle qui a fait ses armes dans le groupe féministe «Les Folles Alliées» et qui prend toujours la peine de rappeler ses idéaux progressistes et populaires1, voilà qu’elle devient la «maitresse d’œuvre» de politiques anti-sociales manifestes: elle vient d’annoncer la baisse des prestations pour les assistés sociaux de 55 à 57 ans et pour ceux et celles ayant des enfants de moins de 5 ans ou encore ayant recours à des services pour personnes toxicomanes. Et tout ça, soi-disant, pour faciliter «l’intégration au marché du travail».

Ce qui lui permet de charcuter, sans trop d’états d’âme, dans le budget, déjà des plus maigres, de plus de 20 000 personne ! Pendant que dans le même temps le parti auquel elle appartient n’ose même pas envisager une taxe qui toucherait aux monumentaux profits des grandes entreprises financières. Et tout ça parce qu’on veut arriver arriver au déficit zéro en 3 ans: pleutre zèle pour satisfaire aux logiques comptables des grands de ce monde. Là aussi,

Agnès Maltais a choisi son camp et là aussi on s’en souviendra !

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