Marie-Andrée Thiffault, passionnée de patrimoine

Pierre Pruneau, Autour de L’Île, L’Île d’Orléans

Elle n’a que 26 ans, mais sa détermination n’a d’égal que ses multiples expériences dans le domaine de la restauration d’édifices, dont ceux de la colline parlementaire, à Ottawa. Marie-Andrée Thiffault occupe depuis deux mois le poste détenu pendant plus de vingt ans par l’architecte Roger Chouinard et réalise ainsi un rêve : se retrouver au sein d’un ensemble patrimonial parmi les plus beaux au pays et avoir l’opportunité de travailler en contact direct avec les citoyens, premiers concernés par la préservation de leur qualité de vie.

Selon la formulation de la nouvelle Loi sur le Patrimoine promulguée en 2012, elle est la responsable du site patrimonial de l’île d’Orléans. Cette jeune professionnelle originaire de l’Estrie a fait ses études d’architecture en conservation du patrimoine à Montréal. Elle a l’intention de s’installer ici avec son conjoint, partageant ses loisirs entre les voyages, le sport sous plusieurs formes, des visites aux musées et la découverte à pied des lieux aménagés par les humains partout dans le monde. Son rôle consiste à conseiller les insulaires dans leurs projets de construction ou de rénovation, à protéger l’intégrité du site patrimonial en octroyant les permis adéquats et à servir de lien entre les gens de l’île et le ministère de la Culture et des Communications. Elle a conscience d’arriver en poste dans un moment particulièrement houleux, car, depuis 2010, le ministère de la Culture et des Communications n’a pas reconduit les ententes qui permettent de subventionner les travaux de rénovation des bâtiments classés. Les citoyens s’impatientent, car l’enveloppe globale de 600 000 $ pour deux ans réservée à l’île d’Orléans ne leur est plus actuellement disponible, retardant d’autant des travaux parfois urgents et laissant se détériorer des joyaux de notre patrimoine collectif.

 

Deux priorités

Mme Thiffault apprend à apprivoiser son nouveau milieu grâce aux conseils avisés de Roger Chouinard et de Pierre Lahoud qui connaissent parfaitement le milieu et son histoire. Elle identifie deux priorités dans son travail : d’abord, conserver le paysage culturel de l’île issu de l’harmonie qui doit exister entre la Nature, les exploitations agricoles et le patrimoine bâti ; ensuite, faire preuve de circonspection et de réflexion dans le développement futur de cet endroit unique. Ceci n’exclut pas d’y vivre de façon contemporaine, mais permettra d’éviter le plus possible les erreurs regrettables qu’on a faites antérieurement dans la précipitation.

Notre architecte croit qu’il faut lutter pour empêcher ce site patrimonial de s’orienter vers un développement de type banlieue qui lui ferait perdre son âme et son cachet. Ses connaissances sur le patrimoine bâti se sont approfondies par deux stages en Europe : en Écosse, où la volubilité et la gentillesse des gens lui ont rappelé le Québec, elle s’est intéressée aux maisons traditionnelles et en Italie elle est intervenue sur des ruines qui remontent à l’Antiquité.

Il est trop tôt pour affirmer que les Prix de l’île, tels que créés par son prédécesseur seront remis en vogue selon la même formule, mais Mme Thiffault compte publier, dans le journal Autour de l’île, des capsules qui contiendraient des conseils pertinents sur la manière d’intervenir face à notre patrimoine bâti, qu’il soit récent ou ancien.

Cette jeune professionnelle dynamique croit à l’importance de son rôle dans la préservation de notre patrimoine collectif. Elle compte se familiariser avec la nouvelle Loi sur le Patrimoine qui est fort complexe et contient plus de 260 articles. Elle est enchantée par la sympathie que les gens lui ont manifestée depuis son arrivée en poste et parle déjà du chemin du Mitan comme une « véritable sorcière de l’île ». Nous lui souhaitons la bienvenue à l’île d’Orléans et une fructueuse carrière parmi nous.

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