Le solstice d’hiver et la fête de Noël

Jean-Pierre Robichaud, Le Pont de Palmarolle, Palmarolle

Le 21 décembre, à 6:11:37, c’est le solstice d’hiver : la nuit la plus longue de l’année. Depuis le 22 juin, les nuits s’allongent sans cesse, jusqu’à l’apogée des ténèbres le 21 décembre, avant que les jours ne reprennent des forces et recommencent à prendre le dessus, pour les six prochains mois.

Ce cycle éternel a trouvé des échos dans de nombreuses civilisations, qui intégraient, pour beaucoup, les rythmes saisonniers dans leur calendrier religieux. Les Celtes ont été les premiers à honorer le cycle éternel des saisons. Chaque année, alors que les ténèbres menacent de rompre ce cycle, le soleil renaît, comme un signe annonciateur du printemps qui viendra après les grands froids. Le solstice est donc une fête de la renaissance, mais aussi de l’espoir. C’est une fête très positive destinée à redonner des forces avant d’affronter les grands froids de l’hiver et à faire patienter avant le printemps qui viendra quelques mois plus tard.

D’autres mouvements, druidiques et païens, fêtaient aussi la renaissance du soleil dans la Grande Roue du Temps. Que l’on croie ou pas en ces idées, on voit qu’elles véhiculent la même chose : la lumière d’espoir et de vie qui finit par l’emporter sur les ténèbres. On considère souvent que le solstice d’hiver est un bon moment pour l’apprentissage, la remise en question, la réflexion qui permettra un changement d’importance dans notre vie. Cette fête est associée à la naissance d’un bon nombre de dieux païens et de héros: Œdipe, Thésée, Hercule, Persée, Jason, Dionysos, Apollon, Mithra, Horus et même le roi Arthur possèdent une histoire de naissance, de mort et de résurrection très proche de la vie de Jésus, et la plupart d’entre eux le précèdent au point de vue strictement historique. Noël vient du latin «Natalis dies» qui signifie le jour natal et représentait l’anniversaire de la naissance du Sol Invictus, le Soleil Invaincu. Noël est donc à l’origine une fête du Soleil, événement païen, que les Romains, les Germains, les Slaves ainsi que de très nombreuses et importantes civilisations dont les Indiens, ont pour habitude de fêter depuis l’antiquité.

Dès le coucher du soleil, de grands feux sont allumés et lorsque l’aube revient, c’est l’occasion d’une méditation. S’en suivent de grandes réjouissances. On participe à un festin au cours duquel on peut servir du chevreuil, de l’oie, du gâteau aux fruits secs et des poudings, des noix, du vin épicé et du cidre chaud.

 

Comment cette fête païenne est-elle devenue chrétienne?

Les Chrétiens ont pris beaucoup de temps pour s’accaparer cette fête. La tradition était établie que Marie avait donné naissance le 25 du mois, mais personne ne s’accordait pour savoir de quel mois il s’agissait. Finalement, en 354 de notre ère, les Pères catholiques de Rome décidèrent de placer la fête en décembre, dans un effort pour éradiquer la célébration Mitraïque des romains et la célébration Yule des celtes et des saxons. Ils codifièrent les premières célébrations afin de promouvoir l’essor du christianisme tout en assimilant les fêtes populaires et païennes célébrées autour du solstice d’hiver. Avant cette modification par le pape Tibère, les chrétiens fêtaient la naissance du Christ le même jour que l’Épiphanie, le 6 janvier.

Donc, même si le Noël chrétien est né de ces fêtes païennes, les symboles de Noël sont, pour la plupart, païens : la bûche de Noël est en réalité une bûche de chêne, et dans les temps anciens, elle était conservée tout au long de l’année dans un endroit sacré car elle représentait le feu sacré, la lumière de la Terre. La bûche traditionnelle devait brûler pendant 12 heures, pour porter chance. Maintenant que bien des maisons n’ont plus de foyer pour brûler la bûche, celle-ci prend place sur la table, en gâteau roulé.

Le symbole de la bûche a aussi évolué vers l’arbre de Noël sur lequel on plaçait des bougies allumées plutôt que de le brûler. Les protestants clament que Martin Luther inventa cette tradition et les catholiques prétendent que c’est saint Boniface, mais la coutume existait déjà au temps des Saturnales romaines et même dans l’ancienne Égypte.

Naturellement, l’arbre choisi devait être coupé et non acheté, et le temps voulu, brûlé comme objet sacré et non comme vulgaire bois de chauffage. La coutume du réveillon de Noël persiste, la civilisation judéo-chrétienne s’est adaptée au culte païen en intégrant ses plus fortes célébrations d’après le calendrier solaire. Fêtons alors le Soleil et le Christ en un même élan d’enthousiasme!

Et ne nous empêchons pas de fêter deux fois Noël : Le Noël solaire, le 21 décembre, et le Noël chrétien, le 25 décembre!

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