Pourquoi s’en prendre aux pauvres?

Normand D.Paquin, Le Trident de Wotton, Wotton

Créé en 1967 par la Conférence des Évêques catholiques du Canada dans l’esprit de Vatican II, l’organisation canadienne de développement international Développement et Paix est en crise.

La raison principale de cette crise qui touche d’ailleurs tous les organismes canadiens de développement international est que sans préavis et sans raison valable, le Gouvernement Harper a décidé de couper les vivres aux organismes canadiens qui aident les populations les plus pauvres de la planète.

La subvention d’Ottawa à Développement et Paix par le biais de l’Agence canadienne de développement international (ACDI) a été coupée des deux-tiers, passant de 8 millions à moins de 3 millions. Cela a eu pour conséquence immédiate d’obliger Développement et Paix  à abandonner quelques 60 projets sur les 150 en cours dans 30 pays du tiers-monde.

Même le budget de l’ACDI a été coupé. L’aide internationale est souvent acheminée via d’autres agences et ministères, dont celui de la Défense. Un modèle d’affaires est désormais à l’ordre du jour. Par exemple, des projets caritatifs d’entreprises minières canadiennes opérant dans des pays pauvres sont subventionnés par Ottawa.

De façon générale, le Gouvernement conservateur s’éloigne des projets novateurs fondés sur la justice sociale et les droits de la personne en privilégiant des projets rappelant l'époque de l’aumône faite au pauvre.

Cette approche est source de division au sein de l’église et de la société civile. Elle favorise en outre l’émergence de groupes de donataires et récipiendaires moins dynamiques et moins performants.

Considéré comme l’un des organismes caritatifs internationaux parmi les mieux cotés, Développement et Paix, dont 45 % du budget provient des paroisses, a contribué durant près d’un demi-siècle à la renommée du Canada en matière de développement international.

En s’en prenant à des organismes caritatifs canadiens comme Développement et Paix, le Gouvernement conservateur mêle  la politique à la religion et diminue l’influence du Canada au sein de la communauté internationale.

Plus grave encore et à l’inverse de la tradition de générosité du Canada, cette nouvelle politique du Gouvernement risque d’enlever le pain de la bouche aux populations les plus pauvres.

Aussi la majorité des Canadiens souhaitent que le gouvernement revoie sa décision.

 

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