Réjean Martin, Le Bulletin Des Chenaux, Batiscan
Une vache a été mise au tableau d’honneur. Elle est allée entre autres «parader» au prestigieux salon Madisson au Wisconsin en septembre dernier. «Agrivente Seaver Lauretta» (c’est son nom) produit 14,000 kilogrammes de lait par année. On vient même de l’étranger pour l’admirer. On peut dire que cette vache est l’un des symboles de la renaissance de la ferme laitière La Genevoise de Saint-Geneviève-de-Batiscan.
Le 25 juillet 2008, la réputée ferme laitière de la famille Frigon à Saint-Geneviève-de-Batiscan était victime d’un terrible incendie qui l’avait détruite complètement.
Complètement ? En fait, Normand Frigon ainsi que ses fils Sylvain et Marc n’avaient réussi, dans l’urgence, qu’à sauver trois vaches sur un troupeau de 175 têtes. Cela au péril de leur vie, mais sans trop le réaliser, bien sûr, dans les circonstances…
Et que fallait-il faire au lendemain de cette épreuve ? Les Frigon jonglèrent un moment avec l’option d’encaisser les assurances et de se retirer. Après tout, on pouvait conclure qu’on avait suffisamment «bossé» sur cette ferme construite dans les années 70 pour passer à autre chose sans trop mal…
C’était là cependant sans compter sur l’envie de Sylvain et des ses parents, Monique et Normand, de continuer de s’épanouir au sein de cette ferme qui leur avait «aussi» procuré tant de satisfactions. C’était sans compter sur leur goût d’entreprendre; leur plaisir de réussir.
Toutefois, Monique Frigon en particulier évoque, suite à l’incendie, la traversée de périodes de découragement, de moments où, face à l’immense défi de tout reconstruire, une certaine désespérance l’avait accablée. «Il arrivait des fois où tu ne voulais plus rien savoir de penser», image-t-elle.
Et puis le projet de renaître s’est mis ensuite résolument en branle avec tout ce qu’il a pu comporter, cependant, d’études de plans, d’évaluations d’options, de multiples choix à faire, etc.
En outre, on a décidé d’implanter un système de robots qui fait que les bêtes se déplacent vers une source de nourriture quand elles en sentent le besoin, puis sont automatiquement prises en charge pour la traite.
Après, il a fallu prendre le moyens de le réa-liser, ce projet; c’est-à-dire déterminer les bons fournisseurs, placer les commandes, donner les contrats, coordonner le tout. Il s’agissait, en fait, d’un long épisode de gestion de projet!
«Et ce n’était pas un «clé en main», ce projet», résume Sylvain.
D’autre part, il n’est pas inutile d’indiquer que parallèlement à cela, il y a toujours eu, pour Normand et Sylvain, les travaux des champs qui n’ont jamais cessé d’exiger d’eux beaucoup de temps et d’efforts; cela en raison de leur grande importance, parce qu’on cultive d’immenses superficies céréalières. Et pour Monique, il y a toujours eu les questions de gestion comme par exemple tout ce qui est relatif aux quotas de lait.
En mai 2009, on débuta donc la construction de l’étable, de la grange et de la charpente des silos fosses. La famille et les amis vinrent donner un coup de main. Enfin, au mois de novembre, on s’est mis à «monter le troupeau» comme le veut l’expression; c’est-à-dire de rechercher des vaches qui offrent de bons pedigrees, des fiches de production adéquates, etc. Bien sûr, on travaille encore et toujours à améliorer le troupeau grâce par exemple à de la transplantation embryonnaire.
C’est là, en cette année 2009, qu’arrive un fait à la fois cocasse et heureux: comme on avait auparavant vendu quelques bonnes génisses à Luc Rivard d’Agri-Vente, on eût l’idée d’aller le voir pour évaluer si celui-ci avait de bons sujets (vaches, génisses) à vendre. On porta alors attention sur une belle grande génisse noire dont on finit par s’apercevoir que celle-ci était une descendante d’une lignée Genevoise «Outside Lauréal» (sa grand-mère –pour ainsi dire- était l’une des vaches que Sylvain avait épargnée des flammes en 2008). On supplia Luc Rivard de la leur vendre. Elle avait alors 20 mois. Plus tard, à son troisième veau, elle était tellement améliorée qu’elle a été hissée au rang d’«excellente»; un classement qu’on est loin de se voir tous les jours, qui témoigne de la qualité de la vache, voire de sa perfection et de sa longévité potentielle. «Agrivente Seaver Lauretta» (c’est son nom) produit 14,000 kilogrammes de lait par année.
L’Alliance Semex est venue la voir -et l’admirer! à plusieurs reprises en compagnie notamment de visiteurs étrangers du Japon et de l’Allemagne. En outre, son classement a fait que cette vache a été mise au tableau d’honneur et est allée entre autres «parader» au prestigieux salon Madisson au Wisconsin en septembre dernier.
Tout ça pour conclure que Monique, Normand et Sylvain Frigon travaillent avec archernement et apprécient les bonnes décisions qu’ils ont prises. Ceux-ci croient même déceler parfois dans les yeux des deux enfants de Sylvain et de sa conjointe Sophie, une heureuse contagion de détermination… Nommons-les; ce sont Angélique 8 ans, et Gabriel 6 ans.