Paule Pintal : un regard vers l’intérieur

Marie-Pier Lemaire, Le Bulletin Des Chenaux, Batiscan

 

Empreintes de spiritualité, de nos­talgie et d’intériorité, les oeuvres de l’artiste Paule Pintal touchent et invitent au dialogue. Sa dernière exposition à la Galerie d’art du pres­bytère de Champlain, intitulée Pas­sage, explorait le lien psychique des jeux d’enfants transposés aux défis rencontrés dans la vie des grands.

C’est en m’aventurant dans ce long escalier, d’un pas plus lent qu’à l’habitude, les yeux rivés sur ce qui s’offrait de beaux (les oeuvres affichées dans la descente d’escalier), que je me suis laissé emporter. Il est vrai que je me laisse faci-lement transporter dans l’univers des artistes, mais cette fois-ci, l’univers en question me semblait à la fois « mystérieux » et « familier ». Deux mots qui peuvent drôlement se lire côte à côte, peut-être est-ce là l’attrait, justement. Ce qui est familier : le thème des jeux d’enfants. Ce qui est mystérieux : la trame de fond, la façon dont l’artiste transpose ses pensées. Sous un élan poétique et pour la première fois, cette Champlainoise a senti le besoin d’ajouter des mots à ses créations : « Étant donné la complexité de la thématique de ma dernière exposition et la difficulté à la transposer par images, j’ai fait un petit recueil de textes afin de compléter ce que je voulais exprimer. J’ai senti le besoin d’aller un petit peu plus loin. » Ce recueil exprime la réflexion cachée derrière chacune des oeuvres de la collection. Que ce soit une peinture à l’acrylique, une linogravure ou une création de technique mixte, elles nous plongent dans l’imaginaire enfantin et nous poussent à voir plus loin.

Vous l’avez compris, cette artiste ne se contente pas simplement de créer pour créer, mais plutôt d’explorer la profondeur humaine, sa source d’inspiration : « Pour moi, c’est important d’aller en profondeur dans la vie. J’aimerais que les gens réalisent que ça vaut la peine des fois d’aller au fond de soi et de laisser sortir même les choses qui ne sont pas belles, de les mettre à jour et d’essayer de les changer. » Ses oeuvres présentant différents jeux d’enfants ont suscité de belles réactions : « Les gens ont tellement embarqué dans notre thématique! Il y a des jeux que les gens se rappelaient avoir faits. Ils restaient longtemps devant chaque oeuvre, pour s’imprégner. Je suis entrée dans un désir de communication avec le visiteur. » Ce désir d’interaction la nourrit continuellement : « Pour moi, l’interaction est primordiale entre l’artiste et le visiteur. Je recherche toujours l’interaction avec les gens. Je ne suis pas habile pour parler, c’est donc ma façon de communi­quer. J’incite beaucoup les gens à me parler lorsqu’il regarde mes oeuvres. »

Influencée par l’artiste peintre Marc Shagall, il est difficile de définir le style de Paule Pintal : « Je me considère assez dans le mouvement contemporain, mais pas dans l’abstrait. Je n’ai pas vraiment de style fixe. Je n’entre pas dans un courant, j’ai mon propre univers. Je ne sais pas trop comment le placer parmi les autres. » Disons que cette passionnée est unique en son genre! Ces oeuvres proposent un mélange d’illustrations surréalistes, figuratives, frôlant peut-être à l’occasion l’art naïf. Chose certaine, ces personnages aux couleurs chaudes font appel à l’imaginaire, aux rêves et à l’enfance. D’ailleurs, les mots utilisés dans ses textes y font référence (ex. : elfes, fées, âme, nuits, ciel, envol, mémoires, etc.).

Pour cette ancienne étudiante à l’école des Beaux-Arts de Québec, l’art apporte un sens à la vie : « Avec ma dernière exposition, j’ai senti que j’avais une place dans la société par le tra­vail que je fais. Tu as beau créer isolé dans ton atelier, mais il faut que ça sorte quelque part si tu veux faire ton petit point de réflexion. C’est très nourrissant! Mes réflexions alimentent celles des autres. C’est un beau cercle vicieux! Pour moi l’art, c’est vraiment un langage. » L’isolement artistique, Paule l’évite grâce au groupe Les Dames en Art : « Tout a commencé par un atelier de dessin, à l’automne 2009. Une fraternité exceptionnellement s’est développée entre nous, neuf femmes différentes, éparpil­lées sur le territoire de la Mauricie, ayant une même passion : les arts visuels. D’un commun accord, nous avons décidé de peindre ensemble, un vendredi par mois. »

Attirée par toutes sortes de médiums différents, cette artiste multidisciplinaire est toujours à la recherche et en exploration de nouvelles techniques : « C’est comme ça que je me sens évoluer. En cours de route, il y a des techniques qu’on s’approprie et qu’on est porté à plus utiliser dans notre production. L’estampe et la linogravure sont des techniques qui m’allument tout le temps! » L’oeuvre idéale pour elle : « Elle doit venir me rejoindre dans mon intériorité, me faire vibrer, me saisir! C’est ce qu’on appelle un coup de coeur … »

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