Thierry Haroun, Graffici, Gaspésie
On a appris lors de la commission Charbonneau que l’ex-ministre responsable de la Gaspésie, Nathalie Normandeau, s’est fait offrir des fleurs par un entrepreneur en construction de Montréal, un certain Lino Zambito, désormais vendeur de pizza. Elle l’a remercié en lui expédiant un mot gentil. Tu as de la classe ou tu n’en as pas…
« Le développement des affaires dans l’industrie de la construction implique de soigner ses relations, ce qui signifie, selon l’ex-entrepreneur Lino Zambito, de répondre à des commandes de financement du Parti libéral du Québec, de lui dénicher des prête-noms et même d’envoyer des roses par douzaines à la vice-première ministre Nathalie Normandeau. » C’est ainsi que Le Devoir résumait en début de texte le témoignage du très fréquentable Lino Zambito. Un témoignage qui nous apprend aussi que M. Zambito avait donné des billets à la ministre Normandeau pour le concert de Céline Dion au Centre Bell. Plus encore, apprend-on, lors du spectacle, Mme Normandeau lui aurait demandé de lui procurer des billets pour la venue de Madonna, ce qu’a fait M. Zambito.
Franchement sympa, le mec.
L’ex-ministre a tôt fait de réagir aux propos de M. Zambito (fleuriste, semble-t-il, à ses heures). Ainsi, par voie de communiqué, Mme Normandeau tenait « à réaffirmer que j’ai toujours fait mon travail avec rigueur tout en étant consciente de l’importance d’honorer la confiance des citoyens. Aujourd’hui, je ne laisserai personne remettre en question mon intégrité ». Oh que non! Mme Normandeau a aussi insisté pour dire, à propos des fleurs que Lino Zambito lui a envoyées pour ses 40 ans (40 fleurs, le compte est bon), « qu’en aucun temps, ces circonstances n’ont influencé ou altéré » ses prises de décisions. Le Libre arbitre n’aurait pas dit mieux. Amen. Parole d’évangile. Écoutez, tout le monde sait que M. Zambito, qui a avoué avoir « truqué des contrats, corrompu des fonctionnaires, financé des partis politiques » puis fréquenté le très fréquentable parrain de la mafia montréalaise, Vito Rizzuto, et le très honorable Tony Accurso (qui a pris une retraite des affaires bien méritée), a fait tout ça pour l’ex-ministre parce qu’elle fait une super sauce bolognaise.
À moins que ce soit pour sa pizza all dressed avec extras, s’il vous plaît. Tout le monde sait aussi que le salaire de crève-la-faim que Mme Normandeau recevait du temps qu’elle était ministre ne lui permettait pas de s’acheter des billets de spectacles pour Céline ou Madonna. Oh que non ! Et rassurez-vous, Mme Normandeau n’a pas eu besoin d’acheter des pots pour les 40 roses de Lino Zambito parce qu’elle avait soigneusement gardé les pots que lui avaient lancés les groupes communautaires pendant son mandat. On récupère quand on a un salaire de va-nu-pieds. La prévoyance en politique est une vertu. Et de la vertu, on en a plein la gueule à la commission Charbonneau (qui est un véritable cours de diction d’italien) : un coffre-fort qui ne ferme pas parce que trop rempli d’argent, des vestons qu’on n’arrive pas à boutonner parce que trop plein d’enveloppes brunes et des chaussettes remplies de liasses d’argent. Super discrets, les mecs, et ordonnés, par-dessus le marché ! Les coupures de 1 000 $ ensemble, les coupures de 100 $ ensemble, les coupures de 50 $ ensemble, etc. Des vraies bobonnes, quoi. On se croirait finalement chez les Dalton avec l’accent sicilien en boni. «Averell et les 40 roses» comme prochain épisode des Dalton, ça vous dit? Surveillez Ciné-Cadeau à Télé-Québec durant les fêtes, sait-on jamais.
On savait que l’argent ne poussait pas dans les arbres, mais avec la commission Charbonneau, on apprend que le fric pousse dans le béton, mais que Nathalie Normandeau n’en a jamais profité. Oh que non ! C’est bien sûr en vendant du chocolat à 2 $ (vous savez, celui avec la noisette dedans) de porte en porte qu’elle collectait de l’argent pour le Parti libéral. L’histoire ne dit toutefois pas si M. Zambito lui a envoyé des fleurs cette année.