Développement nordique La mort du Plan Nord

Guillaume Rosier, Le Trait D’union Du Nord, Fermont

À Fermont, la même question se pose sur toutes les lèvres : Que va-t-il advenir du fameux Plan Nord dont il a tant été question ces dernières années ? Avec l'arrivée au pouvoir du Parti québécois, il semble que le plan de développement nordique de Jean Charest soit relégué aux oubliettes du passé.

Dans de récentes déclarations, la nouvelle ministre des Ressources naturelles, Martine Ouellet, affirme que l'expression, ainsi que le concept, sont enterrés. Certes, le Plan Nord ne va pas disparaître d'un simple coup de baguette magique, du jour au lendemain. Cependant, le nouveau gouvernement affiche clairement sa volonté de changer de cap.

« Le prochain gouvernement ne pourra pas mettre de côté le Plan Nord. La machine gouvernementale a embarqué, les communautés locales et les entreprises aussi. Ça va rester majeur. » C'est dans ces termes que s'exprimait Jean Charest, au crépuscule de sa vie politique. Aujourd'hui, le gouvernement péquiste ne semble pas vouloir faire perdurer le rêve de l'ex-premier ministre.

Le 19 septembre dernier, Martine Ouellet se voyait nommer ministre des Ressources naturelles. Le chroniqueur politique Mario Dumont avait alors déclaré : « Le Plan Nord, c'est sur la glace. » En effet, au début du mois d'octobre, Mme Ouellet annonce vouloir changer de direction en ce qui concerne le développement du Nord québécois. « Le développement du Nord est lié au prix des métaux et n'a rien à voir avec ce que les libéraux ont appelé le Plan Nord, affirme-t-elle. C'est du marketing. Ils ont pris des projets existants, et ils ont les ont mis ensemble. C'était des projets qu'on voyait venir, mais les promoteurs attendaient le bon prix. » Le projet de Jean Charest était trop favorable aux sociétés minières selon la ministre. Cette dernière entend poursuivre le développement nordique, « mais pas n'importe comment ».

Appréhensions

« Le Plan Nord tel qu'on le connaissait n'est plus, mais nous ne devons pas abandonner le Nord et ceux qui y vivent ! ». Les propos de Christian Simard, directeur général de Nature Québec, reflètent bien l'état d'esprit dans lequel se retrouve actuellement les communautés nordiques. Concrètement, que prévoit le projet péquiste concernant le développement du Nord ? Avant tout, un modèle hybride avec une redevance de 5 % obligatoire sur la valeur brute du minerai extrait et une taxe de 30 % sur les profits de plus de 8 %. Ensuite, la création d'un organisme de coordination, comme devait l'être la Société du Plan Nord. Aussi, le gouvernement de Pauline Marois souhaite imposer un moratoire complet sur l'exploration et l'exploitation du gaz de schiste au Québec.

La députée de la circonscription de Duplessis, Lorraine Richard, se veut rassurante : « Nous allons faire les choses différemment. L'important pour nous, c'est de donner plus de place aux collectivités. À l'avenir, les citoyens auront leur mot à dire. Nous voulons également favoriser la deuxième et la troisième transformation. »

La réaction des minières

Il parait clair qu'avec l'arrivée du Parti québécois au pouvoir, les minières ne sont plus forcément sur le devant de la scène. Sur le blogue de sa compagnie, le porte-parole d'ArcelorMittal, Éric Tétrault, s'attaque au nouveau gouvernement qu'il estime être « le plus à gauche de l'histoire ». Selon lui, « un moratoire général sur l'économie » a été décrété avec l'élection du PQ. Il considère que le Québec possède le régime de droits miniers le plus sévère au pays. Pour M. Tétrault, « les Québécois s'enrichissent avec les minières et ne perdent pas un sou quand ça va mal ».

Pour la ministre des Ressources naturelles Martine Ouellet, la diatribe d'Éric Tétrault demeure un cas isolé. Elle soutient plutôt que le nouveau gouvernement veut travailler avec les compagnies minières, mais aussi avec les populations concernées. « On est d'accord avec le développement des mines dans le Nord. On ne veut juste pas que ça se fasse n'importe comment. On veut que ça se fasse dans le respect des collectivités et de l'environnement », précise-t-elle.

 

Un nouveau nom ?

« Nous, on préfère parler du développement des communautés nordiques », affirme la députée péquiste Lorraine Richard. Pour le journaliste René Vézina, le « Plan Nord » était d'abord et avant tout une appellation : « On voulait frapper l'imagination en regroupant dans une expression imagée une série de projets liés au Nord qui, par hasard, se développaient en même temps. » M. Vézina pense qu'il faut arrêter de « s'enfarger sur les termes ». Selon lui, une question doit se poser : « Y aura-t-il suffisamment d'appétit pour ce que le sous-sol québécois peut offrir ? ». Sur le long terme, fort probablement. La venue des investisseurs étrangers dépend finalement plus de la conjoncture que des politiques menées par les différents gouvernements. Avec ou sans « Plan Nord », le Nord québécois continuera de se développer. L'important, c'est avant tout l'encadrement de ce développement. Dans les mois à venir, le nouveau gouvernement devra relever ce défi.

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