Artefacts vieux de 10 000 ans à Weedon

Jean-Claude Vézina, Le Haut-Saint-François, Estrie 

Le site archéologique Gaudreau à Weedon est unique dans l'histoire des Cantons de l'Est. Vieux de quelque 10 000 ans, il témoigne de la pérennité de l'occupation de ce territoire situé au confluent des rivières au Saumon et St-François. Son contenu permet de comprendre comment vivaient les premiers colonisateurs amérindiens et d'interpréter leurs contacts avec les Européens du XVe siècle. De plus, Marie-Claude Bibeau, directrice générale du Musée de la nature et des sciences de Sherbrooke, en a profité pour annoncer la prolongation du programme «camp de jour en archéologie». D'une durée de 5 jours, il est offert aux jeunes de 11 à 16 ans.

Craignant une absence de preuve entre l'archaïque ancien, 11 800 à 8 800 AA (années avant aujourd'hui) et l'archaïque supérieur, fixé à quelque 6 000 AA, Éric Graillon, archéologue, responsable du volet archéologique au Musée de la nature et des sciences de Sherbrooke, a été agréablement surpris de découvrir des pièces qui confirment la migration continue des Amérindiens sur ce site.

S'étendant du Paléoindien récent (11 000 à 8 800), à la période dite historique (1608 -1760, régime français) les pointes de flèches antiques et autres artefacts retracent le passage continuel des voyageurs répartis sur 5 grandes étapes chronologiques des Cantons de l'Est.

Première dans les Cantons de l'Est, on y a retrouvé des vestiges de la rencontre d'Européens avec les Autochtones. Des cônes clinquants, dont un spécimen unique en argent, et des plombs de fusils de calibre 28, témoignent de ces contacts.
Situé au confluent des rivières au Saumon et St-François, ce lieu de transition permettait aux populations d'agrandir leur territoire de chasse et de cueillette. «Même si ces deux rivières ne sont pas nécessairement les plus faciles à canoter, elles ouvraient la porte à de nouvelles ressources essentielles à la survie des tribus», explique le chercheur. Il ajoutait: «C'est ce qui fait la spécificité de ce site».

Situé sur la propriété de Gérard Gaudreau, descendant de la 5e génération de Gaudreau sur ce terrain, ce site ne laissait rien présager de bon. «On pensait que le site serait perturbé par l'action humaine», se rappelle M. Graillon, «mais il est riche», confirme-t-il.

Sur place, à la fin du siècle dernier, la famille Trahan avait bâti un moulin à scie qui a été rapidement détruit par un incendie. Plantation et pacage pour chevaux ont bouleversé l'endroit. «Pourtant, la majorité des découvertes se font à moins de 20 cm de la surface, bien que nous retrouvions des pointes de flèche dans le limon», fait encore remarquer M. Graillon.

La découverte d'une baïonnette en pierre polie et des deux parties d'un gorgerin laissait croire qu'il pouvait y avoir un cimetière amérindien à cet endroit. Une recherche approfondie dénie ce fait de rites funéraires sur place.

Lucas Filion, qui, en 2010, participait à cette activité, y avait extirpé une pointe de flèche vieille de 4 000 ans. Il était présent à cette rencontre avec sa petite sœur Kaïna. Avec d'autres amateurs sérieux, Sylvain Rancourt et Michael McCoy, ils transmettent l'art de la fouille, la passion de la chasse au trésor «de façon déchaînée», comme le souligne M. McCoy, et la joie de la découverte.

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