Johanne Fournier, Graffici, Gaspésie
SAINTE-ANNE-DES-MONTS – « Le projet des projets de développement » : c’est ainsi que la directrice d’Exploramer de Sainte-Anne-des-Monts, Sandra Gauthier, nomme l’ambition caressée depuis deux ans par elle et son conseil d’administration. Pour réaliser le « projet des projets », il faudra trouver 3,3 millions de dollars.
Il y a deux ans, devant une menace de fermeture du musée situé au quai de Sainte-Anne-des-Monts, la ministre responsable de la région à l’époque, Nathalie Normandeau, est arrivée à la rescousse avec une subvention tirée de son enveloppe discrétionnaire.
C’est là que la ministre a soufflé l’idée aux administrateurs de déposer un projet qui pourrait être présenté aux différents partenaires financiers. « C’est beaucoup grâce à Nathalie Normandeau si on est encore là, croit la directrice de l’institution. Après son départ, on a vraiment été inquiets. »
En juin, les administrateurs ont présenté le projet, élaboré en deux phases. Le Centre local de développement (CLD) de la Haute- Gaspésie a monté le budget, qui prévoit unecontribution de 10 % provenant d’Exploramer. La vente du bateau du musée, dont le remplacement est souhaité, devrait servir de mise de fonds.
Les deux phases du projet
La première phase se résume par la construction d’un nouveau bateau plus grand et moins coûteux à exploiter. Il pourra accueillir 30 passagers, au lieu des 18 que peut contenir le zodiac actuel. Il devient aussi urgent de faire isoler le bâtiment. « Il y a trop de pertes de chaleur, se désole la directrice du musée construit en 1994. Le revêtement extérieur commence aussi à être usé. »
« On travaille actuellement sur la première phase », annonce Mme Gauthier. Si les partenaires sont partants, la première action sera de lancer l’appel d’offres pour la construction du nouveau navire. « On aimerait idéalement des soumissions venant de la région », espère la directrice.
Mais le financement espéré des ministères de la Culture, du Tourisme et des Affaires municipales se fait attendre. « On a eu un rendez-vous le 4 avril avec la ministre Christine St-Pierre, raconte Sandra Gauthier. Ça a bien été. Elle nous a rassurés. Elle nous a dit qu’elle explorait deux ou trois avenues et qu’elle ferait une annonce bientôt. Donc, on s’attendait à recevoir des nouvelles pour la phase I cet automne. Mais à cause de la campagne électorale, c’est retardé. »
La deuxième phase prévoit le renouvellement des expositions du musée. Après l’isolation, la revitalisation du bâtiment est nécessaire: toiture, fenêtres et trottoirs. Le projet préconise également que l’éclairage du site extérieur soit alimenté grâce à des panneaux solaires. « Ce serait plus économique et écologique », résume Mme Gauthier.
Problèmes de financement récurrent
Chez Exploramer, on est habitués d’attendre. « Depuis 2006 qu’on revendique un financement récurrent comme les musées reconnus et soutenus parce qu’on a les mêmes obligations, soupire la directrice dont l’organisme procure de l’emploi à cinq personnes à l’année et à 28 en été. On va quémander des bouts de subventions par-ci par-là auprès de différents partenaires pour arriver à trouver 260 000 $ chaque année. On va chercher du financement ad hoc chez des partenaires du milieu, comme 10 000 $ de la Caisse populaire. Autrement, on vit par procuration, sur la marge de crédit.»
S’il est vrai que l’union fait la force, Sandra Gauthier a eu l’idée de fonder la Coalition des musées reconnus non soutenus. Trente institutions ont répondu à l’appel du regroupement. « Le 9 septembre 2011, on a rencontré la sous-ministre de la Culture, France Dionne, relate la fondatrice et leader de la Coalition. On est arrivés en mode solution. On a proposé de mettre une enveloppe transitoire à notre disposition. Elle a beaucoup aimé l’idée.
Ensuite, chacun des membres de la Coalition a fait des représentations un peu partout, dont auprès de leur député et auprès du ministre des Finances, M. Bachand. » De l’avis de la directrice d’Exploramer, les efforts n’ont pas été vains. Dans son dernier budget, le ministre des Finances, Raymond Bachand, a annoncé une somme de 2,5 millions de dollars pour les musées reconnus, mais non soutenus. Ainsi, 47 d’entre eux se sont partagé cette enveloppe, sur les 63 que compte le Québec. Exploramer demandait 100 000 $. Il a reçu 65 000 $.