Le septième art sous les étoiles

Claudie Archambault, L’Itinéraire, Montréal

Avez-vous remarqué la présence d’écrans géants en soirée dans les parcs de Montréal depuis le début de l’été? C’est ce qu’on appelle un cinéma sous les étoiles!

C’est d’ailleurs le nom que Funambules Médias, une coopérative de travail dans le  domaine de la vidéo, a donné à son projet qui s'est déroulé du 10 juillet au 29 août dans  cinq arrondissements de Montréal.

Depuis 2008, Funambules Médias se voue à la réalisation et à la diffusion du  cinéma d’auteur. Santiago Bertolino, cinéaste et producteur, est l’un des piliers de la  coopérative. En 2002, il fonde le collectif Les Lucioles, un groupe de jeunes cinéastes   qui travaillent à la réalisation, à la production et à la diffusion de films engagés. Étant  toujours déterminé à toucher le public par des films aux intérêts sociaux et humains, il  devient le cofondateur, avec Steve Patry, de Funambules Médias. Cette coopérative de travail se spécialise non seulement dans la diffusion de films comme le projet Cinéma  sous les étoiles, mais aussi dans la production et dans la formation.

La mission de Funambules Médias? «C’est d’abord une coopérative de travail, mais également une coopérative de valeurs», me répond spontanément Nicolas Goyette, coordonnateur cinéma de la coopérative. Les valeurs de Funambules Médias se  rattachent principalement à la justice sociale illustrée dans la plupart des  documentaires que la coopérative produit et diffuse. Funambules Médias aide  parallèlement des organismes communautaires en réalisant des vidéos qui mettent  en relief leurs grandes causes et leurs besoins. «Engagement» est un mot  qui revient souvent dans la bouche de M. Goyette lors de notre entretien. Cette valeur,  l’équipe la véhicule dans ses oeuvres filmographiques ou encore elle  l’enseigne dans le cadre des ateliers de formation.

 

CINÉMA SOUS LES ÉTOILES

Pourquoi vouloir présenter des films gratuitement dans les parcs de Montréal? «Les  personnes qui s’intéressent au cinéma engagé ne visitent pas  nécessairement les festivals de films documentaires», dit, de manière intéressée,   M. Goyette. La présentation de films dans les parcs permet de joindre un auditoire  plus vaste. D’autant plus que l’ambiance conviviale des représentations dans les  parcs favorise les discussions de groupe et l’échange d’opinions entre les  spectateurs.

Un autre objectif de Cinéma sous les étoiles est de démocratiser le cinéma d’auteur en le faisant connaître davantage au grand public. Par opposition au cinéma  hollywoodien, le cinéma d’auteur a l’intention d’informer et non seulement de divertir.  De par son engagement, on décèle le message du réalisateur dans le  coeur de son oeuvre, puisqu’il en est le maître.

Cela fait maintenant trois étés consécutifs que Cinéma sous les étoiles tourne dans  les parcs de la métropole. Malgré un petit budget et très peu de couverture  médiatique, l’évènement connaît du succès et prend de l’ampleur d’année en  année. Pour cette troisième année, Funambules Médias a diffusé 23 films dans cinq  arrondissements différents de la ville. De plus, cette année, Cinéma sous les étoiles  s'est joint aux Rencontres internationales du documentaire de Montréal  (RIDM). Ce partenariat a permis un échange de visibilité. Ainsi, les RIDM  présentent  cinq films au cours de l’été tels que Les États-Unis d’Afrique et Inside Lara Roxx.  Pour l’été prochain, l’équipe prévoit faire une «tournée itinérante» présentant certaines productions dans différents coins du Québec.

 

THÉMATIQUE DES DIFFUSIONS

La majorité des productions diffusées par Cinéma sous les étoiles sont  québécoises. On retrouve également des documentaires américains et français  choisis selon la qualité des images et des propos. Les sujets des documentaires  touchent plusieurs thématiques que ce soient le portrait d’une personnalité, une  réalité sociale ou la gestion de ressources naturelles. Tous cadrent avec les  caractéristiques du film engagé. Par exemple, Anarchronique, présenté le 22 août au  parc Laurier, décortique les mythes rattachés au mot «anarchie» souvent  véhiculés par les grands médias. Trou Story de Richard Desjardins, diffusé le 16  août au parc Molson, est plus que jamais d’actualité avec le lancement du Plan nord  du gouvernement Charest et Pierre Falardeau de Carmen Garcia et German   Gutiérrez, présenté le 18 août, au parc de Normanville, ne sont que quelques grands  titres présentés au cours de l’été.

 

PROJETS EN COURS

L’équipe de Funambules Médias a quelques projets de films sur la table, dont De  prison en prison, un documentaire réalisé par Steve Patry et Santiago Bertolino.  Qu’arrive-t-il aux ex-détenus une fois relâchés? Du voleur récidiviste à la personne  ayant commis un homicide, quelle liberté retrouvent-ils? Les réalisateurs ont suivi  pendant un an différents types de criminels et s’affairent à mettre en image le  processus de réhabilitation sociale des ex-détenus dans le monde qui les attend de  l’autre côté des barreaux. Un autre documentaire en cours de production risque  de piquer la curiosité de plus d’un : il traite de la grève étudiante qui est toujours en  cours au Québec au moment de mettre sous presse. Caméra à la main, les  cinéastes ont suivi les manifestations qui se sont déroulées durant le «printemps  érable» et ont même assisté aux réunions des associations étudiantes. Le  documentaire illustrera le conflit étudiant vu de l’intérieur, ce que jusqu’à maintenant, les grands médias ont peu montré. Funambules Médias dit avoir récolté des images  que personne n’a encore vues. À suivre…

 

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