Paul-Henri Frenière, le Journal Mobile, Saint-Hyacinthe
L’ouverture officielle n’aura lieu que le 15 septembre prochain, mais l’on s’active depuis quelques semaines à préparer ORANGE, l’événement d’art actuel de Saint-Hyacinthe. Un événement majeur dans le monde des arts visuels qui déborde largement les frontières maskoutaines.
L’aventure d’ORANGE a commencé au début des années 2000 alors que Marcel Blouin, le directeur d’Expression, le centre d’exposition de Saint-Hyacinthe, a eu l’idée de présenter cette exposition parallèle qui reliait la pratique artistique contemporaine à la nourriture : un élément caractéristique de notre Technopole agroalimentaire. Après plusieurs mois de réflexion et de contacts, la première édition d’ORANGE voyait le jour en 2003.
Trois ans plus tard, en 2006, on récidivait avec la présentation de como como qui empruntait une voie plus sociopolitique : les œuvres questionnaient les différentes possibilités de manger à travers le monde. Enfin, en 2009, Il Nostro Gusto poussait la réflexion sur la notion d’éthique dans l’agroalimentaire.
Pour l’édition 2012, les commissaires Ève Dorais, Véronique Grenier et Ève Katinoglou proposent de revenir à l’essentiel : « sans nourriture, l’être vivant perd la vie ». Cette quatrième édition d’ORANGE aura donc pour titre Les Mangeurs.
Comme pour les trois expositions précédentes, les œuvres seront présentées au centre Expression, à l’étage du marché public, mais également dans un autre lieu de la ville, loué pour l’occasion.
Cette année, les organisateurs ont choisi un très grand local situé sur l’avenue Laframboise. Il s’agit de l’ancien emplacement qui abritait la Ressourcerie, l’entreprise d’économie sociale qui offrait des meubles et des vêtements usagés et qui a fermé ses portes récemment.
Lors de mon passage, l’équipe des cinq techniciens d’ORANGE, pilotée par Roger Despatie, s’activait déjà à transformer les lieux pour recevoir les œuvres. Lourde tâche puisque le local présente une immense surface de 7000 pieds carrés divisée en plusieurs sections, formant une sorte de labyrinthe.
L’intérieur sera entièrement réaménagé et déjà la façade a été repeinte. L’exposition se tiendra sur un seul étage couvrant trois adresses postales, à savoir les 1095, 1135 et 1165 de l’avenue Laframboise. Il en coûtera 2$ pour visiter les présentations artistiques de la Ressourcerie tandis que l’entrée au centre Expression sera libre.
Le défi des artistes
Pas moins de 19 artistes ont été retenus pour occuper les lieux. Plusieurs sont du Canada (Montréal, Québec, Toronto, Ottawa, Vanvouver), mais d’autres sont originaires de France, des États-Unis, du Guatemala, de l’Argentine, du Brésil et même de Chine.
Tous les artistes auront cependant à relever le même défi. « Les pistes explorées et les hypothèses envisagées par les commissaires trouvent ancrage dans les œuvres des dix-neuf artistes invités qui étendent la portée de ces considérations à travers des pratiques diversifiées, surprenantes, pleines de contrastes et de subtilités » peut-on lire dans le communiqué annonçant l’événement.
« Cette double préoccupation des commissaires – la mort et l’alimentation chez l’humain – a tôt fait de provoquer un glissement quant à la thématique abordée par ORANGE 2012, délaissant quelque peu la nourriture en tant que telle pour se tourner vers celui qui l’ingurgite, d’où le titre de l’événement, Les Mangeurs. S’éloignant donc de la denrée, ORANGE 2012 s’intéresse plutôt à ceux qui mangent, à leur condition de mortel et à la relation complexe qu’ils entretiennent avec la nourriture. »
Des propositions surprenantes
Si l’on se fie aux éditions précédentes, on peut s’attendre à des propositions surprenantes venant des artistes. Comme celle de Cosimo Cavallaro, lors de la présentation de 2009. Ce dernier avait entièrement recouvert de ketchup l’intérieur d’un appartement de la rue des Cascades. Une œuvre qui, non seulement avait fait couler beaucoup de ketchup, mais aussi beaucoup d’encre dans les médias d’ici et d’ailleurs.