Quand l’Artisanat aide à s’en sortir

Christine Emond, L’Itinéraire, Montréal

Mirjam et Annick fréquentent L’Atelier depuis bientôt dix ans. Les deux femmes se sont tournées vers cette ressource communautaire lorsqu’elles ont eu à traverser une période difficile dans leur vie à cause de leur santé mentale fragile. L’Atelier favorise l’insertion sociale de plus d’une centaine de personnes par semaine en offrant l’apprentissage des métiers d’art.

Depuis 1971, L’Atelier a aidé des milliers de personnes de tous âges et d’origine diverses. «Tout le monde a son propre chemin à faire, dit Mirjam. Le but est de cheminer.»

Pour Annick, fréquenter L’Atelier, «ça fait partie d’un processus thérapeutique».

Ceux qui fréquentent l’organisme souffrent de problèmes de santé mentale et y passent de une à cinq journées par semaine, selon le programme auquel ils adhèrent. «Les participants viennent travailler de leurs mains, faire de l’artisanat, dit Catherine Dupuis, directrice par intérim du centre. Ce ne sont pas tous des gens qui vont retourner sur le marché du travail. Il y en a pour qui c’est momentané; pour d’autres, c’est à plus long terme.»

Les participants se voient offrir différents types d’artisanat. Ils peuvent choisir entre le tissage Saori, le tissage traditionnel, la couture, l’émail sur cuivre, le vitrail, les bijoux ou l’impression sur tissu et la sérigraphie. «Ce qui nous motive, c’est de les voir heureux et qu’ils se sentent fiers de venir nous montrer la pièce qu’ils ont faite. Il y en a qu’on voit très bien évoluer», rapporte Mme Dupuis. Les statistiques démontrent que, plus l’encadrement des personnes souffrant de maladies mentales est soutenu, plus celles-ci ont des chances de s’en sortir. Depuis qu’elles fréquentent l’endroit, Mirjam et Annick ont pu développer leur créativité ainsi que leurs aptitudes sociales.

Les formateurs à L’Atelier sont principalement des artisans. Ils reçoivent une formation en intervention, mais leur but premier est d’enseigner leur art. Les participants semblent aimer leurs formateurs. «Ils offrent un bon regard sur la réalité. La prof d’art est très bonne en couture et elle nous encourage beaucoup. Elle n’a pas peur d’expérimenter. On est bien ici», soutient Mirjam. En plus des cours d’artisanat, la plupart des personnes fréquentant L’Atelier passent quelques journées à faire une activité connexe, que ce soit à la cuisine et à la pâtisserie, au journal, à la friperie, à la boutique ou encore à la création d’un projet vert.

L’Atelier, financé par l’Agence de Santé de Montréal, par Emploi-Québec, par Centraide et par le Centre de ressources éducatives et pédagogiques (CREP), aide également financièrement les participants. La moitié du prix de vente des pièces vendues revient à son créateur. Située au-dessus de la Maison des artistes et de l’art interculturel (MAI), sur la rue Jeanne-Mance, le point de vente offre aux visiteurs une grande variété d’oeuvres à acheter. Annick, qui fabrique des bijoux, fait de la couture et travaille au journal, aime ce qu’elle fait tout en continuant sa progression personnelle. «Les activités, ici, permettent une certaine stabilité. Je sens que j’évolue, mais c’est drôle, parce qu’il y a des périodes charnières où on se demande si on ne devrait pas juste faire autre chose, lorsqu’on a passé le cap de la nouveauté et qu’on s’installe dans un certain confort. Remettre en question tous nos buts dans la vie, ça peut prendre beaucoup d’énergie.»

 

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