La famille à son paroxysme : deux couples de jumelles pour les Tremblay-Gagné

Samuel Larochelle, Le P’tit Journal de Malartic, le 16 mai 2012

En accueillant deux couples de jumelles en moins de deux ans et demi, Véronique Gagné et Danny Tremblay bouleversent les statistiques. En pleine Semaine québécoise de la famille (14 au 20 mai), le P’tit Journal de Malartic tenait à vous raconter leur histoire exceptionnelle.

Alors que certains conjoints établissent un plan bien précis quant à l’avenir de leur progéniture – âge des parents, nombre d’enfants, différence d’âge entre les bébés – les Tremblay-Gagné avouent ne pas avoir défini le futur de leur famille outre mesure. « On savait qu’on en voulait au moins deux et on souhaitait qu’ils soient assez rapprochés en âge, mais j’espérais surtout en avoir un premier avant mes 30 ans », raconte Véronique.

Après deux ans de vie en couple, Danny et Véronique apprennent qu’ils seront les parents de jumelles. « À l’échographie de 20 semaines, on voyait qu’il y avait deux têtes dans mon ventre, mais je n’y croyais pas, explique-t-elle. Je m’obstinais avec la madame. J’étais dans le déni. » Après s’être accordée un peu de temps pour digérer la nouvelle, la future maman réalise la chance qu’elle a d’attendre deux enfants, malgré toutes les craintes qui viennent avec cette réalité inattendue. «Puisque mon conjoint travaille à l’extérieur pendant la journée, après son congé paternité, je me demandais si j’allais être capable de prendre soin des bébés toute seule. J’essayais d’imaginer comment j’allais pouvoir m’occuper des filles durant la nuit, si elles allaient bien s’entendre et si leur rythme de croissance allait se ressembler. J’avais beaucoup d’inquiétudes, mais du moment où l’on veut des enfants, on accepte qu’ils arrivent n’importe comment, peu importe le nombre ou le sexe. »

Heureusement pour le couple, certains membres de la famille de Véronique avaient eux-mêmes élevé des jumeaux. « Je suis la première de ma génération à donner naissance à des jumeaux, mais ils étaient nombreux dans les générations précédentes. J’ai pu profiter de l’écoute d’une de mes tantes qui comprenait très bien ce que je vivais. La plupart des gens pensent que ce n’est que du beau, mais il y aussi des moments difficiles à vivre. On n’a pratiquement aucun temps pour soi avec deux bébés naissants. Alors ça fait du bien de parler à quelqu’un qui comprend précisément ce que je vis. »

Le 6 octobre 2009, jour de la naissance des jumelles Audrey et Laurie, les parents apprennent à voir la vie en double. « Quand j’en change une, l’autre se met à pleurer, alors je finis d’habiller la première en berçant la deuxième. À l’heure des bains, on doit absolument être deux adultes pour arriver à les laver, les sécher et les habiller. Je ne peux pas les bercer en même temps pour qu’elles s’endorment dans mes bras, alors on les endort avec des suces. C’est un paquet de petits trucs à prévoir pour éviter que les enfants manquent de quelque chose. » Le couple possède également un réseau familial très solide pour les aider. « Ma mère et ma belle-mère sont venues dormir chez moi quelques fois pour que je me repose pendant la nuit, mon père à la retraite vient souvent m’aider et nos proches sont très présents quand on manque de bras pour donner tous les soins nécessaires. À vrai dire, je ne sais pas c’est quoi avoir un seul enfant. Je suis toujours dans le jus, du matin au soir. »

Malgré toute l’aide qui leur est offerte, la fatigue physique et morale s’accumule inévitablement. « Des fois, je me sens dépassée par les événements, affirme Véronique. Quand mon copain rentre du travail, j’en profite pour sortir 15 minutes pour respirer, avant de replonger. J’ai besoin de ne pas toujours rester entre quatre murs. »

Être parents de jumelles signifie aussi d’avoir la chance d’observer deux petites filles qui traversent la vie simultanément. « De la conception à la naissance, elles sont collées l’une à l’autre. Elles ont les mêmes parents, les mêmes étapes de vie, les mêmes épreuves. Je crois qu’elles ont des liens tissés plus serrés que d’autres frères et soeurs. Leur complicité est très grande. Je sais qu’elles se comprennent sans toujours avoir besoin de se parler, mais ça n’a rien à voir avec le cliché de la codépendance. Elles sont capables de socialiser avec d’autres enfants. » En réalité, Audrey et Laurie ne sont pas des jumelles identiques. « Elles ne se ressemblent pas physiquement et leurs caractères sont très différents. J’ai l’impression que mes deux filles ont des personnalités qui se complètent pour créer un équilibre entre leurs forces et leurs faiblesses. »

Environ un an et demi après la naissance de leurs premières jumelles, le couple Tremblay-Gagné se sent prêt pour un autre enfant. « On voulait éviter que notre troisième enfant ait un gros écart d’âge avec nos filles, qui sont si proches. Mais si on avait eu un indice qu’on attendait encore des jumelles, on aurait attendu plus longtemps. »

Quand le médecin informe Danny et Véronique qu’ils seront bientôt les parents de quatre enfants, la surprise est une fois de plus au rendez-vous, mais sous une forme différente. « J’ai vécu un deuil la deuxième fois, dit Véronique. J’avais envie d’avoir un seul bébé pour entrer en relation avec un enfant à la fois et vivre la maternité autrement. Mais d’un autre côté, on était encore très content. On offre à nos filles des relations privilégiées. À la garderie, comme à l’école, elles seront toujours ensemble. »

Le 27 janvier 2012, c’est donc au tour des jumelles Lydia et Julianne de venir au monde, alors que leurs grandes sœurs ont deux ans et quatre mois. Y aura-t-il un cinquième bébé Tremblay-Gagné un jour ? « C’est terminé pour nous. Notre auto, notre maison, notre panier d’épicerie et nos bras sont pleins. On ne ressent pas le besoin d’essayer une autre fois pour avoir un garçon. On a quatre belles filles en santé et on aura des gendres un jour. »

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