Ka Mamukanit : Bâtir ensemble

Laura Pelletier, L’Itinéraire, Montréal, le 15 mai 2012

Au neuvième étage d'un immeuble situé en plein coeur du centre-ville de Montréal, des jeunes entrent au compte-goutte. Chacun d'eux est d'origine autochtone et tente de s'acclimater à Montréal. Le projet d'insertion professionnelle pour jeunes autochtones Ka Mamukanit leur donnera un petit coup de pouce essentiel. Ce programme d'insertion, qui a été inauguré en novembre dernier, accueillait sa seconde cohorte lors de la visite de L'Itinéraire.

En entrant, plusieurs se dirigent vers la quinzaine d'ordinateurs présents dans la pièce. Quelques-uns, endormis, se servent du café. Les plus gourmands dégustent quelques croustilles. On reconnaît déjà la boute-en-train du groupe, occupée à faire des blagues. Autour d'une grande table ovale, deux femmes discutent et semblent déjà être à l'aise. L'une d'elle s'appelle Lois R. Lafferty-Unka. Elle a tout laissé pour suivre le programme, indique-t-elle en anglais. «Je viens de May River, dans les Territoires du Nord-Ouest. Je suis venue ici avec ma fille de 11 ans et le minimum qu'il fallait, il y a six mois, car j'aimerais retourner aux études.»

Cette femme de 28 ans participe au projet avec pour objectif de retourner à l'école, mais également d'en apprendre plus sur sa culture. Son parcours n'a pas été rose et ne lui a malheureusement pas permis d'en apprendre beaucoup sur ses racines. «Un membre de ma belle-famille m'a battue et mon genou n'est plus fonctionnel depuis», poursuit Lois. À cause de sa blessure au genou, elle a fait un long séjour à l'hôpital. Depuis, elle ne supporte plus d'être assise à ne rien faire. Elle veut profiter de la vie.

La nouvelle cohorte est composée de 15 jeunes âgés entre 15 et 35 ans qui ne parlent pas du tout français et qui ont de la difficulté à s'intégrer. «On a retenu ceux qui correspondent aux critères de base, comme l'âge et la résidence à Montréal depuis au moins 30 jours. Ensuite, on a priorisé ceux qui n'avaient pas beaucoup de soutien autour d'eux, qui étaient isolés, qui n'avaient jamais travaillé ou qui ne savaient pas du tout ce qu'ils voulaient faire dans la vie», indique Marjolaine Thernish, chargée du projet.

Cette première étape durera 24 semaines, puis les participants seront intégrés au marché du travail et suivis durant 26 semaines par les responsables du programme. Alexandre Néquado, membre du premier groupe ayant participé au projet Ka Mamukanit, est rendu à cette seconde étape. Ce matin, le jeune homme d'origine attikamek est de retour au local où est installé le projet pour partager son expérience avec les nouveaux. « J'avais arrêté mes études à l'âge de 19 ans et je n'arrivais pas à me trouver un bon emploi. Je ne parlais pas du tout anglais non plus, et ça me bloquait», témoigne-t-il.

Après le programme, il a obtenu un poste au service à la clientèle pour la banque RBC. Cet emploi lui permettra d'acquérir les connaissances nécessaires pour aller aider sa communauté, dans quelques années. « Je veux en apprendre plus sur les relations humaines, sur le leadership, pour retourner dans ma communauté pour y développer l'entreprenariat. Comme ça, les gens pourraient trouver du travail là-bas, ils n'auraient plus besoin de déménager », rêvasse-t-il, l'air inspiré.

Marjolaine Thernish, accompagnée des autres responsables du projet, incite les participants à se rassembler autour de la grande table ovale. Il est temps pour eux de faire connaissance. Elle a espoir que chaque candidat trouvera sa voie d'ici la fin du programme.

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