Des Band’Aide à l’école pour traiter à la source

Sylvie Gourde, Le Tour des Ponts, Saint-Anselme, avril 2012

Mercredi 4 avril 2012, 14 h 30. Une ribambelle de garçons et de filles envahissent avec exubérance le local de conférence de l’école secondaire de Saint-Anselme. Sous l’égide de Mireille Brousseau et de Meggie Gingras, stagiaire, la vingtaine d’élèves de 3e et 4e secondaires recevront une formation sur l’intimidation. Cet atelier dirigé servira à définir leurs rôles dans la mission Band’Aide de l’école.

Si le comité Band’Aide avait déjà ses pairs aidants, il y a une bonne quinzaine d’années à l’école, l’existence de ce groupe a été éclipsée avant de revenir en force, en janvier 2009, avec l’entrée en fonction de Mireille Bousseau à titre d’animatrice de la vie spirituelle et de l’engagement communautaire (AVSEC).

À quelques exceptions près, l’École secondaire de Saint-Anselme ne porte pas en ses murs de drames reliés à des actes de violence. Peut-être parce que la direction a depuis belle lurette pris le taureau par les cornes afin de contrer toutes formes d’intimidation extrême. Mais parce que le phénomène existe et demeure sur toutes les tribunes, tout spécialement depuis le suicide médiatisé d’une jeune fille en novembre 2011, plusieurs voix s’accordent pour faire figure de consensus social quant à sa lutte. Saint-Anselme n’échappe pas à la mire et fourbit ses armes: la prévention.

En effet, dès janvier 2009, a été instauré un réseau de parrains-marraines pour accueillir les élèves de 1re secondaire afin de favoriser une intégration harmonieuse. À nouveau, cette année, la démarche a été renouvelée pour recruter et former les élèves de 3e et 4e secondaires afin qu’ils accompagnent les élèves de 6e année qui feront leur entrée à l’école secondaire en septembre prochain. Le groupe sélect fera la tournée des écoles primaires du territoire afin de rencontrer les futurs diplômés. Chaque parrain et marraine deviendra responsable d’une dizaine d’élèves. Quelques semaines avant le retour en classe, chaque élève recevra une lettre et/ou un courriel de son tuteur avec sa photo et les consignes d’usage. La formule s’avère gagnante. Plusieurs parents ont témoigné de l’impact de cette mesure, atténuant considérablement chez le nouvel élève le stress, voire même l’angoisse de la rentrée.

Cette première mission accomplie, les ambassadeurs Band’Aide auront un nouvel engagement. Cette fois-ci, ils deviendront les yeux et les oreilles de l’école afin de débusquer toutes situations étranges ou comportements néfastes. Et c’est là que la formation du jour prend tout son sens. Mais attention, les agents Band’Aide ne sont pas appelés à devenir des justiciers. Seuls des intervenants désignés par l’équipe-école auront à analyser toute situation conflictuelle et à établir les sanctions. D’entrée de jeu, les Band’Aide devront bien comprendre ce qu’est l’intimidation et comment se traduisent les rapports de force afin d’accompagner les jeunes en difficultés. Ainsi outillés, ils seront davantage en mesure de déceler les victimes potentielles, d’entrer en contact avec elles, de les questionner sur ce qu’elles vivent et ressentent, puis de les diriger vers les meilleures ressources.

Ici, on ne veut surtout pas stigmatiser les victimes. D’ailleurs, un grand travail d’éducation se fait à ce niveau. «À l’école, il n’y a pas de victimes d’intimidation, il y a des élèves qui se laissent marcher dessus, qui n’ont pas une bonne estime. Certains élèves subissent des moqueries. Ils sont raillés, dénigrés, taquinés, rabaissés ou injuriés par d’autres élèves et ne savent pas comment se défendre. On enseignera donc aux élèves des stratégies à adopter, des techniques de contrôle à développer afin de prendre sa place, de venir un acteur de premier plan dans sa vie. Jamais on n’incitera un élève à rispoter à la violence par la violence», indique Mireille. Dans les faits, on encourage les élèves à être témoins les uns des autres. C’est souvent un conditionnement social qui fait que l’on rejette et exclut ceux qui sont différents. En partageant avec ouverture de coeur et empathie, on apprend davantage sur soi et sur l’autre. La meilleure prévention de la violence passe par la reconnaissance des talents de chacun.

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