Mathieu Max-Gessler, La Gazette de la Mauricie, Trois-Rivières, avril 2012
Pierre Jackson est un homme qui ne peut qu’inspirer. Impliqué dans de nombreux événements festifs à Trois-Rivières, il est également engagé pour les enfants atteints de cancer… tout en en combattant un lui-même. Et ce n’est qu’un début pour cet homme qui vit, comme en témoignent ses proches, à 100 miles à l’heure!
Aussi loin qu’il se souvienne, Pierre Jackson a toujours été impliqué dans l’organisation d’événements et souvent plusieurs à la fois. Directeur général des Délices d’automne depuis 2006 et du Marché de Noël de Trois-Rivières depuis 2007, le souriant quadragénaire est également à la barre, depuis 2011, du Mondial des amuseurs publics, qui porte désormais le nom de Comiqu’Art.
«J’ai toujours organisé des choses à gauche et à droite, reconnaît-il. Lorsque je travaillais à CHLN (aujourd’hui CKOI), des collègues m’ont demandé d’organiser une partie de balle-molle, puisqu’on était plusieurs à aimer ce sport à l’époque. La journée même, j’avais une conférence de presse avec des gens de Leucan, et j’ai décidé d’en faire un événement bénéfice pour l’organisme.» Son implication ne s’est pas arrêtée là: en 2007, Pierre Jackson organisait avec ces mêmes collègues une marche de trois jours de La Tuque à Trois-Rivières, toujours au profit de Leucan.
Ironiquement, l’homme qui s’était voué à la cause des enfants atteints d’un cancer, apprend qu’il en a un, en 2008. Et pas n’importe lequel: un myélome multiple des os, une forme de cancer qui atteint la moelle osseuse. Son espérance de vie: trois ans, selon son médecin. «Il n’y a pas de guérison possible, explique-t-il. J’ai eu une greffe de moelle et à date, ça va bien. Mais la seule chose que je peux vraiment faire, c’est essayer d’avoir de saines habitudes de vie.»
Un tel diagnostic en aurait abattu plus d’un. Mais pas Pierre Jackson. Plutôt que de s’apitoyer sur son sort, l’organisateur a organisé de plus belle, cette fois-ci selon un de ses plus grand rêves: l’humour. «Quand j’ai eu mon diagnostic, j’étais avec un de mes amis, Martin Bourassa, qui est un joueur de piano, on cherchait quelque chose à faire. Il disait toujours qu’il rêvait de faire la marche La Tuque/Trois-Rivières. Sa blonde lui a dit: c’est pas compliqué Martin, Pierre s’est levé un bon matin et a décidé de la faire. Je trouvais ça simpliste, mais elle avait raison. On se lève un bon matin et décide ce qu’on fait. J’ai dit à Nancy : on fait un show d’humour à la salle J.-A.-Thompson.»
«Quand Pierre a appris qu’il avait un cancer, je crois que sa vraie personnalité est sortie, témoigne Martin Bourassa. Rien ne l’arrête, il n’a pas de limite. Il avait deux choix: s’apitoyer ou vivre tout ce qu’il voulait vivre. Il a clairement choisi la deuxième option!» Si la réaction de son ami de longue date a surpris Martin, Carole Beaudry, coordonnatrice régionale de Leucan, s’y attendait. «Ça ne m’a pas surprise qu’il ne se laisse pas abattre, avoue-t-elle. C’est sûr qu’on était inquiet pour lui, mais je savais qu’il allait se battre. Et aujourd’hui, il vit à 100 miles à l’heure, il ne manque pas un instant de sa vie.»
Si l’idée de Pierre Jackson – monter sur les planches de la plus prestigieuse salle de spectacle de Trois-Rivières – paraissait folle aux yeux de bien des gens, à commencer par François Léveillée, qui s’est chargé de la mise en scène, il a toutefois réussi son pari, tout en réalisant son rêve. Le Gala Rires d’Enfants en sera cette année à sa quatrième édition. Le nom des artistes participants sera dévoilé au début du mois d’avril.
Même s’il donne de son temps sans compter, Pierre Jackson en garde toujours pour en priorité pour sa famille. Pas question de négliger son fils de huit ans au profit du travail! «Les fin de semaine, je suis avec lui et les vacances et les journées fériées, c’est sacré, assure-t-il. Si je dois travailler et qu’il n’a pas d’école, soit je l’amène avec moi au bureau, soit je travaille à la maison. Ce n’est pas négociable! Je veux lui accorder le plus de temps possible.»
L’organisateur émérite travaille également sur un autre projet, littéraire cette fois. «Il y aura une section sur mon histoire, mais aussi celle d’autres personnalités. Ça va parler de ne pas se laisser abattre, qu’il y a toujours des solutions de rechange.» Avec son livre, qui devrait paraître cet automne, Pierre Jackson espère envoyer un message d’espoir aux personnes atteintes d’une maladie grave. «Il faut s’accrocher, mais aussi ne pas refouler ses émotions, en parler sans avoir peur de déranger. On ne contrôle pas la maladie, mais on contrôle la façon dont on va réagir. C’est pareil pour chaque épreuve de la vie: si on la voit comme une montagne, on ne la montera jamais. Mais si on arrive à trouver un bon côté, on peut passer au travers.» Des montagnes, il en a soulevé, Pierre Jackson. Et malgré ce que les médecins prévoyaient pour lui, il semble prêt à continuer à braver vents et marées pour divertir la population de Trois-Rivières.