Mathieu Max-Gessler, La Gazette de la Mauricie, Trois-Rivières, avril 2012
C’est plus engagé que jamais que le groupe « néo-trad » Mes Aïeux lançait, le 12 mars dernier, son album À l’aube du printemps. Après une sérieuse remise en question suite au départ d’un de leurs membres, les six musiciens restant ont toutefois choisi de persister, avec des textes qui ne parlent non pas de rupture, mais d’union…
Si les préoccupations sociales et environnementales étaient déjà bien présentes sur les précédents albums de Mes Aïeux, sur À l’aube du printemps, le développement durable prend une plus grande place. « C’est le désir de durer qui marque cet album, explique Marie-Hélène Fortin, violoniste et chanteuse au sein du groupe. Durer en tant que groupe, suite au départ d’Éric Desranleau en janvier dernier, en tant que couples mais aussi en tant qu’espèce. »
L’implication du groupe d’inspiration traditionnelle envers l’environnement ne se limite pas à la chanson. Les six musiciens sont en effet porte-paroles d’Équiterre et de la Coalition Eau Secours. Ils sont également ambassadeurs de la Maison du développement durable, un projet né de la volonté d’Équiterre de rassembler plusieurs organismes environnementaux sous un même toit – durable, bien sûr.
La plus grande préoccupation de Marie-Hélène Fortin concerne d’ailleurs l’environnement, plus précisément la gestion des ressources naturelles du Québec. « Le Plan Nord et l’exploitation du gaz de schiste, je trouve ça très préoccupant, explique Marie-Hélène. C’est inquiétant de penser que ces ressources vont être vendues à très bas prix à des compagnies étrangères et que nous risquons d’en être dépossédés puisqu’elles ne sont pas renouvelables. » C’est cette revendication que la violoniste compte bien porter lors de la marche du 22 avril, dans le cadre de la Journée internationale de la Terre.
En plus du développement durable, À l’aube du printemps met l’accent sur la force du nombre, explique Marie-Hélène. « Une des chansons parle des Oies sauvages comme métaphore d’une oeuvre collective : les oies parcourent des milliers et des milliers de kilomètres tout en se relayant. Quand une est fatiguée, elle va en arrière et une autre prend la relève. » Le message est clair, mais pas question de faire la morale aux gens. « C’est sûr que la morale n’est jamais bien loin quand on écoute des chansons folkloriques, concède la violoniste. Je pense que Stéphane a eu le souci de ne pas mettre le côté moralisateur dans ses textes parce que les enjeux sont importants et on a envie de partager nos inquiétudes, sans avoir la prétention d’avoir des solutions à tous ces problèmes. »
Mes Aïeux profite également de son album pour livrer un message d’espoir face au pouvoir que chaque individu détient pour faire changer les choses. « La chanson La Berceuse met en perspective l’apparente inutilité des artistes et des citoyens face au fait qu’on pille nos richesses, qu’on nous dépossède, explique Marie-Hélène Fortin. On a souvent envie de faire quelque chose mais on se sent un peu impuissant, démuni. Cette chanson parle de ça, en étant tout de même porteuse d’espoir. »
Malgré ce questionnement constant, la violoniste reste convaincue que chacun a sa part à jouer peu importe qu’il soit de notoriété publique ou pas. « Je pense que se manifester publiquement quand on en a l’occasion, c’est une bonne façon de combattre ce sentiment d’impuissance. Et c’est sûr que les petites actions quotidiennes restent importantes pour l’environnement. Mais encore là, je n’ai pas 10 000 solutions : chaque jour, on se pose des questions sur l’impact que ça peut avoir. Je pense qu’on est dûs pour une prise de conscience collective et des manifestations à plus grande échelle pour que le gouvernement comprenne que l’avenir des générations futures nous importe. »
Il faudra attendre quelques mois avant de voir Mes Aïeux monter sur les planches. Le groupe fera escale à la salle J.-Antonio- Thompson le 20 décembre. D’ici-là, les impatients peuvent toujours les rejoindre à Montréal pour la marche du 22 avril !