Mercedes Domingue, Échos Montréal, Mars 2012
Le quartier du Plateau est reconnu comme le lieu de prédilection d'une jeune bourgeoisie cosmopolite (la « creative class ») aux préoccupations écolo. C'est un quartier dont les caractéristiques propres le placent un peu en porte-à-faux avec le reste de Montréal. À l'est, vous avez l'est francophone, relativement pauvre, et plus à l'ouest vous avez les secteurs anglophones.
Quartier « rebelle », il a toujours été le théâtre de débats initiés par des élus plus volontaristes que la moyenne, en phase avec le progressisme de leurs électeurs, notamment sur les questions d'aménagement urbain et de piétonisation. Par exemple, un projet de piétonisation de l'avenue Mont-Royal lancé en 2003 avait été à l'origine d'une pétition de 18 000 signatures d'appui. On évoquait alors la nécessité de lutter contre la pollution et de privilégier un mode de vie à l'européenne.
Les responsables d'associations de commerçants de l'époque avaient assimilé les «meneurs» du projet à des opportunistes ayant des ambitions politiques, tout en mentionnant tout de même être sensibles à leurs préoccupations.
Aujourd'hui, le problème refait surface avec les politiques écologistes du maire Luc Ferrandez. Pour beaucoup, ses décisions sont controversées et la méthode employée, discutable. Mais convenons que les propositions de M. Ferrandez ne sont pas sorties de nulle part et que les électeurs savaient parfaitement à quel parti politique ils avaient affaire avec Projet Montréal. C’est un parti dont les orientations écologistes ne faisaient aucun doute.
En outre, il importe de mettre toutes ces polémiques en perspective. Les projets d'aménagement urbain ailleurs dans la ville, citons notamment la piétonisation de la rue Saint-Paul et de la rue Sainte-Catherine Est, ont suscité eux aussi des réactions négatives avant d’être acceptés. Le changement fait peur et exige une ouverture d'esprit. Il ne s'appréhende qu'à travers le cadre civilisé du débat public. Sur ce point, le Plateau ne peut pas faire exception.