Marie-Pier Bégin-Léveillé femme de terrain !

Daniel St-Onge, Regards, Sherbrooke, mars 2012

Ce mois-ci, Regards rencontre une travailleuse sociale comme pour sa grande implication dans Ascot : Marie-Pier Bégin Léveillé. Depuis trois ans, elle agit comme intervenante de quartier mandatée par le CSSS-IDGS pour répondre à diverses problématiques sociales spécifiques. L'affectation de Marie-Pier a d'abord fait partie d'un projet pilote entrepris par l'institution dans le cadre d'une restructuration du volet « recherche sociale » du centre affilié universitaire (mission CLSC). On voulait ainsi bonifier l'aide aux citoyens; rejoindre les plus vulnérables d'entre eux; développer une intervention complémentaire aux programmes existants, adaptée à la réalité locale; et prévenir les problèmes sociaux en promouvant la santé globale. Grâce, notamment, à la détermination et au travail acharné de Marie-Pier sur le terrain, le projet pilote du début est désormais un programme officiel du CSSS-IDGS.

Regards: Et qu'est-ce qui a motivé votre choix de carrière?

 

Marie-Pier Bégin-Léveillé : Je crois que le « déclic» s'est fait durant mes études collégiales. Je ne me destinais pourtant pas au travail social, mais aux arts et lettres. Or, à la même époque j'œuvrais comme animatrice au Centre communautaire de loisir de Sherbrooke. J'étais aussi interprète en espagnol au Service d'aide aux Néo-Canadiens. Deux expériences humaines qui m'ont convaincue que j'étais faite pour le travail social! J'ai donc entrepris mes études universitaires dans ce domaine. En 2004, mon bac en poche, je devenais coordonnatrice à une maison de jeunes. Puis, je travaillai à l'accueil psychosocial au CSSS-IDGS. Lorsque j'ai vu affiché l'actuel poste d'intervenante de quartier, j'ai eu le sentiment qu'il était fait pour moi. J'ai postulé, mais sans me faire d'illusion, faute d'ancienneté. Mais, lorsqu'on me l'a offert, j'étais comblée. Et je le suis toujours!

Regards : En quoi consiste votre travail d'intervenante de quartier dans Ascot?

 

Marie-Pier Bégin-Léveillé : D'abord, je travaille à partir d'un local situé en plein cœur du quartier. J'y fais encore de l'accueil psychosocial, mais beaucoup plus près des gens! Quiconque nécessite des services peut passer directement par moi. Selon ses besoins, je dirige la personne vers les ressources disponibles, via le CSSS-IDGS ou les organismes communautaires locaux, avec qui je suis en étroite collaboration. La proximité de mon type d'intervention amène des « jumelages». Ainsi, des gens que nous avons aidés vont accepter d'en aider d'autres. Avec eux, je crée un réseau de ressources humaines : « soutenir ceux qui soutiennent»! Notre local est un lieu ouvert! Nous y encourageons les échanges informels. Nous avons donc développé des interventions de groupes d'animation où les gens du quartier peuvent se retrouver, échanger, s'entraider, briser l'isolement. Des groupes de mères monoparentales, de réduction du stress, d'entraide, d'échange avec la communauté africaine, de marche, entre autres.

Regards: Croyez-vous votre rôle important dans le mouvement de lutte à la pauvreté?
 

Marie-Pierre Bégin-Léveillé : Dans une certaine mesure, oui, mais notre intervention met avant tout un baume sur la plaie sociale qu'est la pauvreté: renforcer les ressources pour les gens, les conseiller, les aider à faire valoir leurs droits. Je suis toujours stupéfaite de constater le niveau de pauvreté dans notre société. Selon moi, lutter efficacement contre la pauvreté relève d'abord d'une volonté politique sérieuse de nos décideurs et de gestes concrets de leur part.

Regards: Quelles sont vos meilleures réussites depuis que vous ouvrez ici?

 

Marie-Pier Bégin-Léveillé : Sans contredit, d'avoir contribué à rendre « programme officiel du CSSS-IDGS » ce qui fut un simple projet pilote dont nous ignorions l'issu! Il y a deux ans, j'ai aussi formé le « comité clinique de quartier d'Ascot» : un groupe de codéveloppement composé d'intervenants d'organismes du milieu, tels que Famille Espoir, La Maison de jeunes Flash, etc. Lorsqu'il se réunit, le comité se penche sur une problématique spécifique et cherche des solutions. Enfin, je suis très fière que notre intervention de quartier ait pu rejoindre une grande clientèle immigrante, qui découvre des formes d'aides auxquelles elle croit souvent ne pas avoir accès.

Regards : Comment entrevoyez-vous le futur d'Ascot, socialement parlant?

 

Marie-Pier Bégin-Léveillé : On le sait, à Sherbrooke, il y a beaucoup de préjugés à l'égard du quartier Ascot. Moi, j'aime ce quartier! S'y trouvent un dynamisme humain et un esprit de concertation rares. Mon souhait serait qu'à mon programme d'intervention de quartier se joigne une véritable équipe d'intervention multidisciplinaire en lien avec le soutien aux citoyens du quartier, que j'adore.

 

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