Rencontre avec un artiste du développement : Évan Gagnon

Marc-André Lévesque, l’Horizon, Presse coopérative des Basques, la MRC des Basques, février 2012

Au dernier Gala du Carrefour Jeunesse, qui tenait à appuyer la venue ou le retour dans la MRC des Basques de plusieurs jeunes, Évan Gagnon a reçu un prix soulignant le développement d’Endorphiiine. Cette entreprise présente l’escalade comme une démonstration de vie et un outil de découverte des capacités humaines.

Évan Gagnon a 28 ans. Résidant à Saint-Mathieu où il a rénové sa maison selon des principes de développement durable, il sera père en février. C’est un travailleur de rue pour la Maison des jeunes de Trois-Pistoles. Il est toujours en mouvement, pourrait-on dire. Il a démissionné d’un poste de préposé aux bénéficiaires au Lac Mégantic, pour se sentir plus libre de faire ce qu’il préfère : développer des projets. Le développement régional est possible uniquement si des individus y croient et travaillent à son expression concrète.

Évan Gagnon est de ceux qui y croient. Il possède le côté débrouillard et patenteux des agriculteurs qui doivent souvent trouver rapidement des solutions à des problèmes quotidiens. Jeune, il s’occupait des animaux de la ferme. Il y a appris la vie, le goût des résultats réalistes et rapides : « tout est possible avec ce qu’on a sous la main », dit-il.

Il est comme ses parents qui lui ont insufflé cette énergie : comme lui, ils étaient en mouvement perpétuel. Pour cette raison, peut-être, il ne s’est jamais vu entreprendre de longues études, « je n’en aurais jamais été capable », avouera-t-il. Il préférait les cours qui s’échelonnaient sur des périodes limitées, en se donnant un but précis, comme ces diplômes d’études professionnelles dans des champs d’actions convenant à sa personnalité, tel qu’en maçonnerie.

C’est en quelque sorte un autodidacte avec une autre facette qu’il a découverte en lui, celle d’un artiste, un artiste du développement. Il n’est cependant pas solitaire. Au contraire, il aime s’entourer de personnes qui, selon les étapes du projet, peuvent le confronter ou comme, il le dit lui-même, « lui donner une petite tape d’encouragement ». C’est autant un capteur de rêves qu’un semeur d’idées. De plus en plus, on le consulte sur des projets que d’autres ont élaborés. Il a d’ailleurs imaginé une façon d’amener des projets à se réaliser : « L’idée doit être réalisable au coût le plus bas possible avec ce que l’on a sous la main, l’approche réseautage est la plus appropriée et un organisme à but non lucratif doit être amalgamé à différents organismes. Il faut aussi que le produit soit de qualité et qu’on procède à des tests sur le terrain pour confirmer la valeur de l’idée ou la retravailler, en lui ajoutant des éléments qui la rendront plus réalisable. »

C’est dans cet esprit qu’il a développé Endorphiiine et qu’il continue à réfléchir à son expansion. Il a en tête une compétition nationale d’escalade par groupes d’âge, l’escalade sur glace à un autre endroit qu’à l’Aventure Basque en Amérique (PABA), ainsi que la réalisation d’une murale avec des artistes locaux. Il a aussi en tête des performances telles que réaliser un instrument musical qui reproduirait le chant des sirènes. Cet instrument serait installé près de la mer et utiliserait les tubulures qui traversent les érablières. C’est dans ce même esprit qu’il pense à une approche intergénérationnelle avec des ateliers de couture permettant de recycler différents tissus pour la confection de produits comme des sacs ou des fauteuils remplis de fines parties de styromousse. « J’aimerais donner le goût de la réussite autour de choses simples, réalisables. » Évan Gagnon est un semeur de rêves réaliste qui est en mouvement perpétuel. Comme une immense roue qui, sur son passage, propage le goût du développement.
 

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