Les Micmacs veulent leur part

Geneviève Gélinas, Graffici, Gaspésie, janvier 2012

S'il n'en tenait qu'aux Micmacs, le vent de l'arrière-pays d'Escuminac ferait bientôt tourner des éoliennes à leur profit. Les trois communautés autochtones de la Gaspésie planchent sur un projet de 150 mégawatts (MWL dont ils seraient actionnaires majoritaires. Et, après deux tentatives ratées, ils espèrent que cette fois-ci sera la bonne.

Claude Jeannotte, le chef de Gespeg, se lève de son bureau pour montrer une carte affichée au mur. Il pointe le Gespe'gewa'gi, la terre que les Micmacs revendiquent comme leur territoire traditionnel et qui correspond grosso modo à la Gaspésie touristique (Sainte-Flavie à Sainte-Flavie).

« Nous, avec 150 MW, on demande moins de 10 % des 1 660 MW prévus sur notre territoire traditionnel, argue M. Jeannotte. On veut profiter d'une part de notre territoire que nos ancêtres ont partagé [avec les Blancs], et qu'ils ont perdu » ; ajoute-t-il. Les Micmacs posséderaient de 51 % à 60 % des parts du projet de 300 millions, mené avec une firme que le chef Jeannotte refuse de nommer, faute d'entente finale. « C'est une compagnie privée, cotée en Bourse, qui mène déjà des projets éoliens au Québec », dit-il.

Les éoliennes seraient installées à 30 kilomètres au nord d'Escuminac, en terre publique. Les trois communautés micmaques gaspésiennes – Listuguj, Gesgapegiag et Gespeg – sont partenaires du projet. Elles ont entamé des discussions avec l'Administration financière des Premières Nations, un organisme à but non lucratif qui offre des prêts abordables aux gouvernements autochtones.

Les Micmacs de la Gaspésie discutent aussi avec le ministère des Ressources naturelles depuis un an et demi. Ils comptent avoir leur part du nouveau bloc de 700 MW que la ministre Nathalie Norrnandeau a promis quelques mois avant sa démission. M. Jeannotte estime toutefois que le projet micmac « n'est pas obligé » de passer le test d'un appel d'offres. « On était là les premiers, et on veut faire partie du développement économique de la Gaspésie », affirme le chef.

En 2010, les Micmacs ont refusé de participer aux appels d'offres réservés aux projets communautaires et autochtones. Ils jugeaient insuffisante la limite de 50 MW par nation. Et Hydro-Québec n'avait pas retenu les projets de 168 MW et 75 MW présentés par Listuguj lors des appels d'offres précédents.

M. Jeannotte est convaincu que cette fois-ci sera la bonne. Le travail commun des trois communautés joue à leur avantage, selon le chef. Et cette solidarité servira les Micmacs, dit-il, que le projet soit accepté ou non. Dès 2005, des rapports du BAPE sur les projets de L’Anse-à-Valleau et de Murdochville recommandaient de « déterminer, à brève échéance, le rôle de la nation micmaque dans la mise en valeur du potentiel d'énergie éolienne de la Gaspésie, puisque ce potentiel y est limité».

 

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