Rencontre avec le seigneur de l’île

Pierre Pruneau, Autour de l’île, l’île d’Orléans, novembre 2011

Alex Blouin fut honoré au gala des Prix de la Fierté orléanaise 2011. L'organisme qu'il préside depuis plus de 12 ans, la Fondation François-Lamy, a remporté le prix dans la catégorie Patrimoine remis tous les cinq ans à l'organisme qui s'est le plus distingué dans la conservation et la mise en valeur du patrimoine de l'Île. Comble de bonheur, le Grand Prix de la Fierté orléanaise qui couronne la personnalité qui s'est le plus illustrée dans le rayonnement de l'Île lui fut aussi remis à cette même soirée du 4 novembre dernier.

Cet homme modeste s'est dit surpris de ce grand honneur qu'il tient à partager avec Georges-Henri, son frère âme décédé, qu'il considère comme son mentor. À 69 ans, Alex Blouin accepte de jeter un regard rétrospectif sur son parcours de vie. Cet homme dynamique, natif de Sainte-Famille, a pris sa retraite il y a 15 ans après une carrière qui

l'a promu directeur de la perception à Revenu Québec, canalisant dorénavant son énergie et sa force de travail vers sa famille et l'implication dans son milieu. Il est père de deux enfants et grand-père de deux fillettes.

Son goût pour le patrimoine lui est venu de son frère aîné Georges-Henri, un passionné d'histoire et de généalogie qui avait poussé des recherches sur les familles souches de l'île et fondé l'Association des familles Blouin. Alex se remémore l'époque où son frère, en compagnie de Pascal Poulin et de l'abbé Bertrand Fournier, exposait des pièces du patrimoine religieux de Sainte-Famille tout en vendant des ouvrages de généalogie dans la sacristie de l'église paroissiale. Alex, qui se passionne de plus en plus pour la préservation du passé, se joint à eux. La Fondation François-Lamy verra le jour en1984 et acquerra la maison Drouin, en 1995. Puis, le presbytère étant à vendre, elle l'achète dans le but de le soustraire à des usages qui seraient incompatibles avec sa vocation originelle. Ainsi, graduellement, la Fondation François-Lamy (du nom du curé fondateur de la paroisse au XVIIe  siècle) prend forme et on sait quelle expansion cet organisme culturel prendra sous les 12 armées de présidence de M. Blouin. Elle joue actuellement un rôle de premier plan dans la conservation et la mise en valeur de notre patrimoine: la Maison de nos aïeux qui diffuse l'essentiel sur l'histoire de l'île et les 330 familles souches qui s 'y sont installées, le Parc des Ancêtres avec son monument en hommage aux premiers habitants, œuvre de Guy Bel, les nombreux événements qui s'y déroulent et son important achalandage, sont un atout majeur pour la promotion de l'île.

Avant de quitter ses fonctions Alex aimerait mener à terme le projet de restauration de la maison Drouin, l'un des rares édifices patrimoniaux accessibles au public sur l'île, ce qui complèterait la vocation patrimoniale de la fondation. Alex s'est donné comme mandat de faire accepter ce projet par la population.

Alex Blouin consacre plus de 30 heures par semaine à l'administration des affaires courantes: suivi de la maison Drouin, membership, activités et campagnes de finance.En collaboration avec le CA et de la directrice générale de la fondation, il gère un budget de plus de 200 000$ et dirige une équipe de deux employés permanents, cinq étudiants (en saison) et un jardinier. Il peut compter sur l'adhésion de plus de 200 membres en règle de la fondation. Pour le reste, il doit faire preuve de débrouillardise: un cocktail bénéfice annuel, la pièce de théâtre et les ventes et dons faits par les 12 000

visiteurs qui fréquentent annuellement les lieux contribuent au financement. La fondation bénéficie aussi d'avantages octroyés grâce au programme de dotation du Conseil des arts et des lettres du Québec.

Alex Blouin se fait un point d'honneur de connaître personnellement même ses travailleurs étudiants et d'être présent à tout événement important qui se déroule à l'île. Il a su bien s'entourer ce qui lui permet d'entreprendre toutes sortes de travaux à des coûts très raisonnables et de doter les sites de gens compétents. Malgré tous ces succès, Alex doit parfois accepter de renoncer à un projet comme ce fut le cas pour le moulin Poulin. Procéder parfois à des réductions de personnel et solliciter souvent les gens pour subvenir aux besoins financiers de son organisme font partie des tâches ingrates dont il doit s'acquitter.

C'est Raymond Bernier, son ami et député du comté au parlement de Québec, qui l'a surnommé le seigneur de l 'île au cours d'une présentation publique. Étant constamment en contact avec ce passé qui nous reporte aux belles armées du régime seigneurial, Alex gère avec l'élégance d'un grand seigneur une institution toute vouée à notre glorieux passé. Qu'il soit remercié pour sa grande implication dans la préservation de notre patrimoine.
 

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