Jean-Claude Vézina, Le Haut-Saint-François, Cookshire-Eaton le 26 octobre 2011
L'occasion était belle en ce 4 octobre! Souligner les 20 ans de La Méridienne, fêter dignement la 9e édition de la Journée nationale des Centres de Femmes du Québec et profiter de la présence de Micheline Dumont pour résumer les quelque 120 ans du mouvement féministe au Québec. Plus de 70 femmes de la région ont participé à un 5 à 7 pour se rappeler et pour présenter la programmation 2011-2012 où des actions pour améliorer la condition féminine se tiendront.
Sous le thème «Histoire de se faire plaisir», les filles et les femmes regroupées au Centre communautaire de Weedon se sont penchées sur la satisfaction qu'elles ressentiraient à être entendues et comprises. Elles se réjouiraient d'être libres et d'appartenir sans discrimination ni injustice à une grande famille. Comme il serait bien de pouvoir ouvrir des portes closes, à être fière de sa féminité tout en expérimentant la solidarité et en travaillant aux droits des femmes.
C'est dans cette optique que les responsables de La Passerelle ont invité Micheline Dumont, dont la réputation n'est plus à faire, à venir raconter l'histoire du féminisme québécois. La conférencière a résumé les étapes du féminisme: s'organiser de 1893 à 1913, se mobiliser pour le droit de vote de 1913 à 1940, essayer de prendre leur place tout en se butant sur la résistance des institutions et des traditions de 1940 à 1969.
C'est à la suite de ces luttes que le féminisme a pris deux tangentes, un féminisme réformiste qui veut améliorer la société, et un autre, plus radical qui veut la transformer. Les années 70 ont été très fertiles en ce qui concerne la mise en place d'une multitude de services. Le féminisme n'est pas facile pour autant. Les femmes poursuivent leur travail dans un climat de plus en plus marqué d'opposition. «Mais les féministes maintiennent leur objectif: elles veulent changer le monde», résume Mme Dumont.
S'il y avait un souhait que la conférencière voudrait voir se réaliser, ce serait: «Que les hommes comprennent que les groupes de femmes jouent un rôle essentiel dans la communauté».
Les responsables de La Passerelle ont aussi profité de la Journée nationale des Centres de Femmes pour souligner les 20 ans de La Méridienne. «Le 22 septembre 1990, une nouvelle maison d'hébergement pour les femmes et les enfants victimes de violence conjugale a vu le jour», rappellent-elles. Répondant à un manque de ressources dans «l'Est de l'Estrie», ce service d'aide disponible 7 jours sur 7 et 24 heures par jour a reçu quelque 2 600 familles. Il leur faut agrandir la résidence. Pour y arriver, elles ont lancé une campagne de financement dont l'objectif est de 150 000 $.
Rien n'est terminé dans cette quête pour modifier la société pour que toutes et tous soient égaux. À preuve, Mme Dumont posait cette question en se référant à la mode vestimentaire: « Qu'est-ce qu'on va montrer cette année ? Nos nombrils comme il y a 3 ans, la naissance de nos seins, nos cuisses?» Et elle a ajouté ce commentaire qu'elle a reçu de femmes arabes qui «préféraient le voile au dénuement». Puis questionnée sur sa perception des relations actuelles entre jeunes filles et jeunes hommes, elle a incité à la prudence dans nos jugements. «Il ne faut pas généraliser. De nombreux hommes adoptent des comportements respectueux envers les femmes, mais il reste encore des noyaux rigides». Les facteurs âge, éducation et culture ont encore beaucoup d'influence dans les rapports femmes-hommes, rappelle-t-elle.