Jean-Philippe Payette, Échos Montréal, octobre 2011
Trouver un « i-pod » dans le métro, en écouter le contenu et s'en trouver du coup chaviré, remué, à un point tel que notre système de valeurs est chambardé, que nos rêves de jeunesse enfouis reviennent à la surface et nous bouleversent. C'est à une telle secousse que Joe, aux prises avec les méandres de sa rencontre inopinée avec la « Beauté » en format mp3, trouvée entre deux écouteurs et son « amoureuse » Lucie, nous convie à Chaque jour, la toute nouvelle pièce de Fanny Britt, dans une mise en scène de Denis Bernard et présentée au théâtre La Licorne, dans ses nouveaux quartiers entièrement rénovés.
Comment ce couple, incarné par Vincent-Guillaume Otis (apparu au grand public au cinéma et à la télé dans Babine, Musée Eden et Le Survenant) et Anne-Élisabeth Boss (qu'on a vue dans le film Les Amours imaginaires et les pièces Autobahn et Rouge Gueule) que seule l'attirance sexuelle qu'ils entretiennent semble unir, aborderont-ils cet improbable bouleversement, ce coup au plexus que l'art réussit à donner quelques fois dans une vie pour mieux nous interroger sur nous-même, sur ce qui nous entoure, nous remettre par la même occasion en doute et puiser en nous ce qui y sommeille et n'attend qu'une bougie d'allumage pour s'embraser ? Pas de doute, tout est en place afin de nous offrir une pièce de théâtre fielleuse et bien de son temps, capable de nous secouer à notre tour.
De ce couple émanera un portrait tantôt trempé au vitriol, tantôt empreint de tendresse de notre époque, notre société et ses travers. Ce sera une nouvelle occasion de retrouver la plume alerte, mordante et fortement infusée de l'efficacité caustique de l'écriture anglo-saxonne de la jeune auteure Fanny Britt (Hôtel Pacifique, Enquête sur le pire).