S’entraider par un PACT de rue

Nancy Caouette, Le Monde, Montréal, juin 2011

Il y a vingt ans, un organisme montréalais signait un pacte avec des jeunes âgés de 12 à 25 ans : celui de les aider sous anonymat. Bien implanté dans l’arrondissement Saint-Michel – Villeray – Parc-Extension, PACT de rue (Projet Ado Communautaire en Travail de rue), permet d’aider 1 250 jeunes chaque année. Portrait d’un organisme qui oriente les jeunes.

« Si nous n’étions pas en train de discuter, nous irions probablement parler avec les jeunes, là-bas ». Assises dans un parc du quartier Saint-Michel, Judith Paradis et Kim Dupaul, travailleuses de rue à PACT, répondent aux questions du journal communautaire Le Monde, les yeux rivés sur un groupe de jeunes. Selon elles, tous les moyens sont bons pour sympathiser avec les ados : « Chacun a son secret, avoue Kim. Judith, c’est le basket. Moi, je les écoute et je finis par me fondre dans le groupe ».

Il faut dire que pour les travailleurs de PACT de rue, le premier clin d’œil échangé avec un jeune signifie beaucoup. « Ce qui nous permet de faire notre travail, c’est le lien de confiance qui existe entre nous et les jeunes », souligne Judith. Contrairement aux organismes qui travaillent avec des jeunes qui leur sont recommandés, PACT de rue fait de l’intervention volontaire. « On prend les jeunes où ils sont rendus dans leur cheminement. C’est du volontariat de leur part : on n’oblige personne et nous ne tenons pas de dossier. Notre intervention est confidentielle », explique Judith.

Le rôle premier de l’organisme : aider et orienter les jeunes. « PACT de rue, c’est un pont entre les jeunes et les ressources du milieu qu’ils ne connaissent pas forcément », illustre Judith. Les actions du groupe sont multiples : de la sensibilisation à la santé sexuelle, en passant par la prévention du décrochage scolaire et de la délinquance. « On offre également aux jeunes des ressources alternatives, auxquelles ils n’auraient pas accès en temps normal, précise Kim Dupaul. Par exemple, une infirmière de médecin du monde fait des tests sanguins et d’ITSS anonymes. »

Qui dit complicité entre les jeunes et les travailleurs de rue, dit heures de travail irrégulières et imprévus fréquents. « Si je suis un ou deux jours sans répondre à mon téléphone, les jeunes paniquent. Ils pensent que je ne veux plus les voir et se sentent rejetés », s’amuse Judith. Intervenir, c’est aussi, selon elles, se confronter à des valeurs opposées aux leurs. « Certaines réalités sont vraiment frustrantes. On a un sentiment d’impuissance parfois par rapport à des situations que l’on ne peut changer. C’est le jeune qui doit faire son chemin, nous ne sommes pas là pour les contrôler », explique Kim.

Pour ce qui est des motivations à travailler avec les jeunes dans la rue, Judith et Kim répondent d’une même voix : « la conviction de faire une différence ! » Sans prétendre changer le monde, Kim et Judith se satisfont de leurs petites réussites. « Parfois, c’est un petit rien. Tu recroises un jeune, deux ou trois ans plus tard, et il se souvient d’une phrase que tu avais totalement oubliée. Et bien, lui, il s’en souvient : ça l’avait marqué », explique Judith, le sourire aux lèvres. Ce sont des paroles simples qui permettent parfois aux jeunes de faire leur petit bonhomme de chemin…

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