Complices et volontaires

Katia Tobar, l’Itinéraire, Montréal, le 1er juin 2011

Vous avez peut-être entendu le nouveau tube d'Elyse Robineault et d'Annie Caron, Complicité volontaire, sur les ondes de radio Ville-Marie ou de la radio communautaire de Longueuil. Une chanson qui est née de « l'initiative musicale et citoyenne » des deux artistes et de leur envie commune de lutter contre « un monde qui sombre de plus en plus dans l'individualisme », avouent-elles ; un besoin d'écrire sur la solidarité.

L'histoire a commencé il y a quelques années, lorsque les deux artistes ont rencontré Léonie Couture, fondatrice et directrice générale de l'organisme La rue des femmes. Elles ont alors eu envie de mettre leur talent au service d'une cause, celle des femmes itinérantes, car « être itinérant, c'est difficile, mais être une femme itinérante, c'est encore plus délicat, car les femmes peuvent se faire battre ou même être violées », explique Annie Caron.

Annie et Elyse ont donc créé, en octobre 2009, le spectacle Complicité volontaire au théâtre Le Gesù de Montréal. Un spectacle qui verra naître la chanson éponyme. Un an et demi plus tard, les deux chanteuses se sont retrouvées pour enregistrer la chanson phare du spectacle.

Cette chanson est en vente sur iTunes pour 0,99 $ depuis le 8 mars dernier -quelle meilleure journée pour lancer une chanson à l'honneur des femmes itinérantes que la journée de la femme ! La moitié des profits générés par Complicité volontaire est versée à La rue des femmes.

La fondatrice de l'organisme se réjouit de la notoriété de la chanson qui est diffusée par 27 stations de radio au Québec. Elle explique que, par leur travail, Annie Caron et Elyse Robineault participent à donner une « visibilité » à son organisme.

Mais les chansons engagées doivent souvent faire face à un marché radiophonique « frileux et conservateur », explique Adler Louis-Jean, agent du duo de Complicité volontaire. La maison de disques Disques BG, présidée par Benoit Gagné, ancien musicien du groupe Les Colocs, a choisi de combattre cette frilosité en s'engageant dans cette cause et en proposant au duo une promotion radio gagnant-gagnant « parce que si t'as pas de radio, t'existes pas », résume-t-il.

Alors que les agents de promotion réclament généralement 3 000 $ à l'artiste pour le promouvoir auprès des radios, Disques BG a proposé au duo de Complicité volontaire de rémunérer la maison de disques en fonction du succès de la chanson sur les ondes. « Quand tu gagnes 4 000 $ à l'année en tant qu'artiste, comment peux-tu payer 3 000 $ à ta maison de disques juste pour passer à la radio ? », s'exclame Benoît Gagné. Une méthode de promotion qu'il développe avec de nombreux artistes émergents afin de leur laisser une chance de partager leur talent.

Grâce à leur succès radio, il semblerait qu'Annie et Elyse continuent à « croire en hl force des mots », une force avec laquelle elles espèrent « enclencher les rouages et bâtir un monde nouveau », selon un couplet de leur tube. Une force qu'elles espèrent continuer à transmettre dans leurs carrières respectives, Elyse Robineault dans l'écriture de son troisième album et Annie Caron au détour d'un second album aux influences road trip.
 

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