Une exposition complète consacrée aux sacres

Sébastien Lacroix, L’annonceur, Pierreville, le 25 juin 2011

« Tabarnak : L’expo qui jure », présentée tout l’été au Musée des religions du monde, à Nicolet, nous offre un portrait complet de l’univers des sacres, de ses origines à aujourd’hui. Une imitation d’une page Facebook qui fait tout un pan de mur vient d’ailleurs très bien résumé l’exposition et nous donne un aperçu l’évolution du langage et de la place du sacre dans le langage et les mentalités des Québécois.

De courts messages qui auraient été laissés à différentes époques, à partir de la Nouvelle-France, où le blasphème était encore punissable par une sanction, en passant par l’époque où les gens craignaient d’être paralysés en raison des campagnes de peur menées par l’église jusqu’à aujourd’hui où il est monnaie courante. Parce que le blasphème ne date pas d’hier. En fait, même Jésus a déjà été condamné à mort pour une telle offense. Puis, au fil du temps, des lois sont apparues pouvant aller de la prison, à l’exposition sur piloris, au perçage de la langue, en passant par le bannissement de la ville et la démolition de la maison, la pendaison ou une amende salée.

Heureusement, ces lois sont disparues depuis, mais l’exposition nous présente toutes les tentatives faites pour enrayer les sacres du vocabulaire québécois, et le fait qu’il a persisté tel un rempart qui a protégé la langue française.

L’exposition explique d’où vient l’expression « sacrer comme un chartier », du fait que le travail physique amenait son lot de frustration. Elle traite aussi de la syntaxe du sacre qui peut devenir un adjectif, un adverbe, un nom, un verbe et un adverbe. L’exposition touche à peu près à toutes les sphères, en passant par les jurons du Moyen-Âge, qui était davantage des insultes, jusqu’aux sacres des femmes, qui était considéré comme moins viril avec des « Mon Doux Jésus ». Elle fait aussi place aux sacres sur la scène internationale, avec les Anglais et leur « My God », les Français et leur « Bon Dieu », les latinos qui appellent les Québécois les « Los Tabarnacos » ou encore les soldats allemands qui avaient peur des soldats canadiens-français lorsqu’ils sacraient !

L’exposition se conclut avec un éventail d’objets qui montrent exactement ce à quoi se réfèrent les douze principaux sacres québécois. Leur nombre augmente considérablement si l’on considère que chacun d’entre eux se voit attribuer environ quatre dérivés…

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