Une réorientation de la SHDM : Le logement locatif au cœur des priorités

Joëlle Girard, Échos Montréal, juin 2011

En mai dernier, en marge d'un point de presse présentant les résultats du rapport annuel 2010 de la SHDM, Jean-Claude Cyr, président du conseil d'administration de la société paramunicipale, en a annoncé une réorientation en faveur du logement locatif. La SHDM prévoit donc investir ce marché, boudé par le privé qui favorise plutôt la lucrative construction de condos, secteur que la société priorisait elle-même depuis plusieurs années.

Selon le Rapport sur le marché locatif publié au printemps dernier par la Société canadienne d'hypothèque et de logement (SCHL), le taux d'inoccupation dans la région de Montréal est évalué à 2, 8 % pour 2010. Ainsi, pour la onzième année consécutive, la métropole affiche un taux d'inoccupation sous la barre des 3 %, valeur représentant le seuil de l'équilibre dans le secteur locatif. Pour l'Institut de recherche et d'information socio-économique (IRIS), cette récurrence signifie qu'il y a pénurie, et ce, même si la situation est moins contraignante qu'au début des années 2000 où le taux d'inoccupation était sous la barre du 1 %. C'est donc dans ce contexte que la SHDM prévoit accroitre son portefeuille locatif, créneau qu'elle estime être demeuré dans l'ombre.

Dès 1981, en vertu de l'article 95 de la SCHL, la création de la SHDM, bras immobilier de la Ville, permet à Montréal d'acquérir une certaine quantité de logements locatifs, expérience par ailleurs répétée en 1986 et 1987. Aujourd'hui, la SHDM est donc propriétaire de 4 300 logements dont l'amortissement avait à l'époque été négocié sur 35 ans. Ainsi, parmi ce lot, environ 2 000 seront libres d'hypothèques à partir de 2016.

« Le plan quinquennal prévoit effectivement une réorientation en faveur des logements locatifs, mais ça n'est pas pour tout de suite. Nous devons d'abord amorcer l'analyse du dossier qui, d'ici la fin de l'été, devrait nous indiquer la proportion de nos logements qu'il serait avantageux de vendre et celle à rénover. Par la suite, il faudra aller chercher les emprunts et capitaux nécessaires pour financer le tout », précise Guy Hébert, directeur général de la SHDM.

Même s'il est encore trop tôt pour connaître les paramètres exacts de la réorientation, M. Hébert certifie toutefois que les loyers seront à bon s prix. « Avec le Service d'habitation de Montréal, nous allons cibler des quartiers qui pourraient profiter d'une revitalisation comme Côtes-des-Neiges, Saint-Michel, Villeray ou encore Ahuntsic et nous allons y offrir des logements à prix abordables, soit environ 10 % en deçà de la valeur marchande. Nous faisons toujours dans l'abordable », assure-t-il.

Rappelons que la SHDM a annoncé des surplus de 12 m$ pour l'année 2010, rompant avec une longue tradition de déficits qu'elle avait l'habitude d'accumuler avant de connaître une restructuration en 2008.

 

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