Le nouveau rôle d’évaluation contesté à Weedon : La grogne gronde et risque d’atteindre la MRC

Jean-Claude Vézina, Le Haut-Saint-François, Cookshire-Eaton, le 25 mai 2011

Rassemblés au sous-sol de l'église de Fontainebleau, quelque 75 propriétaires avaient l'humeur aussi chagrine que le temps pluvieux de ce jour. Ils n'en revenaient pas de voir leur rôle d'évaluation dépasser, dans certains cas, de 4 fois le précédent. Jean-Pierre Patry, initiateur de la rencontre, et les contribuables réunis ont décidé de former un comité pour porter leurs doléances aux élus et aux fonctionnaires de la MRC responsables de l'évaluation.

Ils veulent que la MRC justifie les augmentations de la valeur des propriétés. Ils se demandent si le taux d'imposition qui est passé de 1,06 $ à 1,00 $ pour chaque 100 $ n'enrichira pas indûment la municipalité au détriment des contribuables.

Comme premier bonjour, M. Patry a annoncé que Jean-Claude Dumas, maire de la municipalité de Weedon, et Dominic Provost, directeur général de la MRC et du CLD, avaient décliné l'invitation de venir entendre les plaintes des personnes rassemblées, ce qui a soulevé l'ire des participants. Aux dires de l'organisateur de la rencontre, M. Dumas aurait qualité cette manifestation de « pétard mouillé ».

Yvan Fréchette, devenu invalide, tente depuis trois ans de vendre sa ferme de 272 acres dont 50 sont en prairie et le reste est boisé. De 460 000 $, l'évaluation est passée à 560 000 $. « J'ai vendu mes animaux et ma machinerie. Ma forêt a été bûchée en 1978. Malgré cela, l'agent d'immeuble spécialisé dans ce domaine ne trouve pas d'acheteur à cause des taxes que ses clients potentiels trouvent trop élevées », décrit-il. « Avec le compte que je viens de recevoir, comment je fais pour vivre et le payer avec ce que j'ai depuis que je suis invalide ? »

Claude Poulin fait part de sa situation : de 180 000 $ à 258 000 $ pour 190 acres sans animaux. « Ce n'est pas de la justice, confie-t-il, c'est du vol. À 71 ans, je suis obligé de retourner travailler ». Alice Boudreau y va de son exemple : un lot de 1,5 acre en zone inondable et « une île qui part avec les eaux ». Elle a vu sa propriété passer de 1 900 $ (il n'y a pas d'erreur) à 25 600 $. Bertrand Croteau ajoute à la liste des faits : « En trois évaluations, je suis passé de 6 000 $ à 12 000 $ et aujourd'hui, c'est 24 000 $. C'est beaucoup plus que ce que la Caisse populaire a estimé ».

Tous les propriétaires présents ont subi des hausses de valeur de leur propriété qu'ils ne comprennent pas. Ils ne sont pas tendres à l'égard des élus et des dirigeants de la MRC. « C'est mon avis d'expropriation que j'ai reçu quand j'ai pris connaissance de mon nouveau rôle de taxe », lance Marc Bellehumeur, pour signifier comment l'augmentation qu'il a reçue a des conséquences négatives pour le futur. D'autres racontent le récit des contestations qu'ils ont présentées tant au bureau de l'évaluation qu'au tribunal administratif. Ainsi le cas de Lise Péloquin, qui après une première démarche, avait pu obtenir une diminution de son évaluation lors du précédent exercice financier. L'année suivante, son lot de 260 acres a remonté à environ 300 000 $. Elle a alors déposé sa requête en révision et la veille de se faire entendre en justice, un accord avait été conclu avec la MRC, qui a revu le montant à la baisse. Après Mme Péloquin, quelqu'un a affirmé que la municipalité avait manqué de formulaires de demande de révision.

On rappelle que depuis 1998, le prix du bois vendu n'a pas bougé malgré la hausse des coûts de production. Cela implique, ajoutent-ils, que les revenus provenant de leur travail sylvicole n'ont pas augmenté alors que les sommes à payer explosent.

Encore, certains expriment leur mécontentement en se plaignant de l'état des routes mal entretenues tant en été qu'en hiver. Puis, il y a unanimité à reconnaître que contrairement aux citadins, personne n'a accès aux services telle l'usine de traitement des eaux usées, l'aqueduc, etc. D'un commun accord, ils s'entendent pour affirmer qu'il y a trop de fonctionnaires au sein de la MRC. Certains, encore, prétendent que parmi les quelque 300 MRC au Québec, seules 9 ont un préfet élu. D'autres supposent que les villes et les villages viennent chercher l'argent en campagne pour payer leurs infrastructures. Et ainsi de suite, pendant cette rencontre qui a permis à plusieurs de se défouler.

M. Patry s'est adjoint Lise Péloquin, Claude Jean, Françoise Labrecque, Marc Bellehumeur, Roger Zweidler, Laurier Denis, Claude Poulin, Yvan Fréchette et Sylvain Michaud pour préparer une requête à déposer à la MRC pour demander de justifier ces augmentations. Rappelant que le problème est provincial, chacun a le mandat de regrouper, dans un premier temps, les citoyens de la MRC et grâce à une plateforme Web, porter la contestation à un plus haut niveau. « Dans la province, on paie notre terre 4 fois en taxes et lors de la vente, on doit verser la moitié des fruits de notre vente en impôt », estimait M. Bellehumeur. « On veut payer notre part de taxes raisonnablement », a conclu M. Croteau.

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