Les Comédiens de l’Anse renouent avec le drame historique

Sébastien Lacroix, L'annonceur, Pierreville, le 18 mai 2011

Après avoir essayé la comédie l’été dernier, les Comédiens de l’Anse reviennent à la charge avec un drame historique dans la veine d’Alexis Le Trotteur et d’Hiver Rouge, l’épopée patriote.

« Nous avons un texte des ligues majeures », souligne le directeur du Centre des arts populaires de Nicolet, Bernard Brochu, à propos de la pièce « Ils étaient venus pour… » qui est une création originale de Marie Laberge, l’une des plus grandes romancières québécoises.

Écrite il y a une trentaine d’années, la pièce raconte le drame vécu par les habitants du village de Val-Jalbert, au Lac Saint-Jean, au début du siècle dernier, alors que les espoirs suscités par l’arrivée prochaine d’une industrie de pâtes et papiers, qui devait permettre aux gens de passer au travers la Grande Crise, sont cruellement déçus.

« Les gens de Val-Jalbert se considéraient comme étant bénis des dieux. Ils avaient été choisis pour aller travailler dans une usine qui était ultramoderne. Pour l’époque, avoir de l’eau courante, c’était quelque chose », raconte le metteur en scène Camil Bergeron, qui faisait partie de la création originale de la pièce, en 1981, au théâtre du Bois de Coulogne.

« C’est un récit historique avec des préoccupations d’actualité avec toutes les annonces de fermeture d’usines que nous entendons. Je pense aux travailleurs d’Aleris, par exemple, continue-t-il. Ceux qui entrent quelque part pensent pouvoir vivre toute leur vie en travaillant à cet endroit, mais il arrive des situations économiques, comme dans le cas de Val-Jalbert, qui fait en sorte que ça tombe ».

« La pièce présente des monologues et des textes touchants où l'on sent les déchirements causés par la fermeture, mais aussi par une peine d’amour. Ça aussi c’est encore d’actualité. Même si aujourd’hui ça se fait parfois par texto, ce sont les mêmes déchirements », ajoute M. Bergeron.

Camil Bergeron estime que la troupe Les Comédiens de l’Anse a atteint un niveau de maturité et d’expérience qui rend possible la présentation de cette pièce de grand calibre. « Ça fait 30 ans que je pensais la monter et c’est une bonne année, avec les comédiens qu’on a », affirme le metteur en scène.

En plus de lui-même, qui a plusieurs rôles derrière la cravate depuis sa sortie du conservatoire en 1980, la distribution comprend 22 comédiens et comédiennes, dont Étienne Bergeron, Michèle Leblanc, Nathalie Martin et Élise Rivard qui sont diplômées en théâtre et qui cumulent beaucoup d’expérience.

La scénographie a pour sa part été concoctée par Kévin Bergeron qui poursuit des études à l’École de Théâtre de St-Hyacinthe. Le décor qu’il a préparé est d’ailleurs l’un des plus chargés de l’histoire des Comédiens de l’Anse. Une roue et une passerelle, à l’arrière-scène, représentent l’industrie, tandis qu’une galerie incomplète symbolise les ont été construites par la compagnie et abandonnées par la suite.

« La scène est aussi inclinée pour donner un effet de profondeur et de perspective, dit-il. Ça devrait représenter un défi supplémentaire pour les comédiens ».

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