Un atelier de poésie passionnant et révélateur

Jean-Claude Vézina, Le Haut-Saint-François, 27 avril 2011

Les élèves de la classe de Christine Rodrigue de l'école Du Parchemin, côté Collège, à East Angus, ont eu beaucoup de plaisir à participer à l'atelier de poésie de Sylvain Dodier, poète et artiste des arts et lettres numériques. Ensemble, ils ont appris à « créer un état poétique », contexte nécessaire pour l'apprentissage de cet art littéraire, confiait M. Dodier.

Cet état poétique, selon lui, doit se concevoir dans une atmosphère ludique. C'est la base même de la poésie que de vouloir jouer avec les mots, les déconstruire, créer des associations incongrues, inhabituelles, surprenantes, ce que les écoliers de Christine Rodrigue ont trouvé fort amusant. « Étudiez les poètes, suggérait l'animateur de l'atelier, vous verrez que ce n'était pas de bonnes femmes ni de bons hommes ordinaires ». Tout en s'amusant avec les vocables, les poètes ont traduit de grandes émotions comme la colère, la tristesse, la joie…

« Ce n'est pas nécessaire d'être bon en français », proclamait-il ; bon dans le sens d'aimer passionnément la langue. On brasse des mots qu'on ne mélange pas ensemble d'habitude. Il est possible ainsi de rendre compte de ses états d'âme, pour s'approcher de la réalité. Il a constaté que les jeunes enfants maîtrisent un large vocabulaire.

Pour démontrer son approche poétique, M. Dodier a proposé aux écoliers des exercices d'association de mots rapides. « Regarde-moi, et quand je dirai « volcan », donne-moi le premier mot qui te vient à l'esprit ; ne pense pas, vas-y spontanément ». Cet exercice a eu l'heure de dédramatiser les choix trop mûris, trop cérébraux.

Ces jeunes élèves ont découvert que la poésie possédait des règles, ces contraintes qu'il faut à la fois respecter et plier à son plaisir de jouer avec les mots. Ils ont appris le rythme, les rimes, les strophes qui constituent l'ossature du poème. Les poètes les manient avec ferveur pour produire du sens et des significations, qu'en d'autres temps, les lecteurs ne trouveraient pas. « Ce sont des boules d'excitation qui sont lancées à l'autre », ajoute l'animateur de l'atelier. Par exemple, pour décrire une boîte de papier-mouchoir, il a suggéré les termes « ramasse-larmes », « nettoie-nez », « efface-maquillage ».

Bien réchauffés, les écoliers ont participé à un exercice d'écriture sous forme d'une poésie trouée. « Votre animal préféré, la couleur que vous aimez, le végétal que vous souhaiteriez être… » Ces mots choisis spontanément ont servi à garnir le canevas de l'œuvre poétique, ce qui révélait des traits de caractère de la personne. Ils ont découvert qu'ils pouvaient se définir « cheval bleu », « tigre volcanique », etc. En général, les enfants se reconnaissaient bien dans le poème qu'ils avaient conçu. Cette expérience leur a permis de réaliser que l'intention du poète de dire quelque chose pouvait être interprétée tout autrement par celle ou celui qui l'écoutait ou le lisait.

Leur professeur, Mme Rodrigue a « adoré l'atelier, il y avait beaucoup d'interaction et d'humour », renchérissait-elle. Pour sa part, Éliane Couture, éducatrice spécialisée, était surprise de reconnaître la personnalité de l'élève dans le bout de poème qu'il ou elle avait écrit.

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