La Fondation Chagnon finance Solidarité familles Limoilou

Richard Amiot, Droit de parole, Québec, octobre 2010

Au cœur de la lutte quotidienne à la pauvreté et à l’exclusion, les parents trouvent difficile de conserver de saines habitudes dans un contexte d’insécurité alimentaire.

Les cuisines et les jardins collectifs, ainsi que les repas communautaires, sont des alternatives en sécurité alimentaire. En plus d’offrir des denrées fraîches ou cuisinées à peu de frais, elles servent à développer des connaissances. Ces initiatives offrent un moment de répit aux familles (avec la présence d’une gardienne), brisent l’isolement et permettent de partager de beaux moments entre parents et enfants.

Mères et monde, l’Évasion St-Pie-X et les Ateliers à la Terre du Centre Jacques-Cartier, oeuvrent principalement dans Limoilou, en Basse-ville. Les trois organismes détiennent une expertise de terrain bien enracinée dans la lutte quotidienne à la pauvreté et à l’exclusion sociale des familles moins nanties.

Ils ont constaté que les difficultés des parents pour acquérir ou maintenir de saines habitudes alimentaires sont davantage liées à leurs conditions de vie — par exemple, à l’insuffisance des revenus — qu’à un manque d’information ou de volonté. Et les parents ont un rôle déterminant dans l’acquisition des habitudes de vie des enfants.

Le portrait de la pauvreté et de l’exclusion sociale dans Limoilou (selon l’Approche territoriale intégrée — ou ATI —, en 2009) confirme que les familles monoparentales (48 % des familles à Limoilou) et immigrantes sont les plus à risque. L’un des facteurs d’abandon dans l’acquisition ou le maintien de bonnes pratiques alimentaires semble être la culpabilité ressentie face aux campagnes publiques de promotion de saines habitudes de vie. Les aliments sains sont plus chers. Exemple classique, souvent cité : le litre de Pepsi coûte environ 83¢, contre 1,56 $ pour le litre de lait entier.

Mères et monde, l’Évasion St-Pie-X et les Ateliers à la Terre se sont associés au sein de Solidarité familles Limoilou pour réaliser une recherche sur les obstacles que les parents rencontrent dans l’adoption de bons comportements alimentaires. Membres du comité Saines habitudes alimentaires (SHA), au Comité d’action locale de Limoilou (CAL), le regroupement a fait appel à la chercheure Lucie Gélineau pour mener cette recherche-action participative sur une période d’un an. La recherche a débuté en juin 2010 et se terminera en mars 2011. Communauté locale en forme et en santé (CLEFS) la finance à hauteur de 80 000 $, a annoncé Solidarité familles Limoilou en présentant le projet, le 27 septembre dernier.

CLEFS est un programme pilote de la Direction de la santé publique de la capitale nationale (DSP-CN), fi nancé par la Fondation Lucie et André Chagnon. L’agence de santé publique de la Capitale Nationale, le Conseil de la santé et des services sociaux de la Vieille capitale (CSSS-VC), la Ville de Québec, la Commission scolaire de la Capitale, Québec en forme et la Fondation Chagnon en assurent la gestion. Lucie Gélineau, Ph.D., est chercheure de l’équipe GRIOSE-SM (Groupe de recherche sur l’inclusion sociale, l’organisation des services et l’évaluation en santé mentale) et professeure associée à l’École de service social ainsi qu’au département de médecine sociale et préventive de l’université Laval. Mme Gélineau affirme vouloir valider par ses recherches, aux yeux des autorités, les savoirs populaires qui permettront d’adopter des politiques publiques plus efficaces.

La recherche action table sur la participation des familles, car, « pour lutter efficacement contre la pauvreté et l’exclusion des familles, nous savons qu’il faut avoir une approche inclusive qui leur donne du pouvoir et leur permette de faire entendre leurs voix », croit Solidarité familles Limoilou. Les participantes pourront recommander de futurs outils promotionnels mieux adaptés à des cultures diversifiées et à la réalité des jeunes familles.

Après un rapport sur les perceptions au sein de la population, la démarche produira un guide d’animation sur de saines habitudes alimentaires dans un contexte d’insécurité économique. L’association des trois partenaires s’harmonisera aussi avec les plans d’actions de l’ATI de Limoilou et de Limoilou en forme.

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