L’enfer au pensionnat !

Pierre Lavergne, La Gazette de la Mauricie, Trois-Rivières, le 12 octobre 2010

« Maintenant que les Blancs ont toute la terre toutes les forêts et les lieux de pêche, comme ils l’avaient planifié, tout ce qui nous reste c’est la pauvreté l’alcoolisme et la pédophilie. » Harriett Nahanee (1935-2007) militante active pour les droits des autochtones.

Difficiles à croire tellement horribles sont les sévices qu’on a fait subir, ici dans ce pays, aux enfants autochtones. Des garçons et des filles fouettés, enfermés dans des placards ou des boîtes cages pendant des jours sans eau ni nourriture, déshabillés et battus devant les autres enfants. Des actes s’apparentant à de la torture aiguilles enfoncées dans les mains, les joues, la langue, les oreilles, le pénis; obligation à se tenir debout jusqu’à écroulement, immersion en eau glacée, application de décharges électriques sur différentes parties du corps, forcés de frapper ses camarades à coups de bâton et de ceinture ou de se battre entre eux… Ils sont enfants, fils et filles de parents autochtones, à qui on a appliqué ces mauvais traitements dignes des histoires entendus sur les sévices subis dans les prisons d’Irak et d’Afghanistan…

Ces histoires d’horreur émanent des témoignages recueillis par la Commission de témoignage et réconciliation du Canada établie à la suite de la Convention de règlement

relative aux pensionnats indiens qui a débuté ses travaux en juin dernier afin d’informer les Canadiens de ce qui s’est produit au cours des 150 ans d’histoire des pensionnats indiens administrés par différentes églises et subventionnés par le gouvernement fédéral jusqu’en 1996.

Quelles raisons, autres que le simple sadisme, peuvent expliquer que de telles brutalités et cruautés aient pu être commises ? Harriett Nahanee, militante pour les droits des autochtones, qui a elle-même subi de nombreux sévices pendant plus de cinq ans à l’école d’Alberni en Colombie-Britannique, nous aide à comprendre la raison profonde de ce système infernal : « Les Blancs nous dressaient tout le temps les uns contre les autres. Ils travaillaient à nous séparer et nous apprenaient à haïr ce que nous étions. Il fallait qu’ils nous lavent le cerveau pour qu’on oublie que nous sommes les Gardiens de la Terre… Mais les Blancs voulaient toute la terre et tout ce qu’il s’y trouve, alors il fallait qu’ils arrivent à nous faire oublier notre raison d’être : protéger et défendre la Terre. Et ça a marché, vous savez. On a oublié notre devoir sacré et nous sommes devenus aussi mauvais que les Blancs, nous coupons les arbres et nous ruinons la terre. »

Bien évidemment ces pratiques barbares répondaient également à des motifs économiques, les autochtones habitant des territoires parmi les plus riches en ressources naturelles. Faut-il s’étonner que le taux de mortalité des enfants indiens ait avoisiné les 50 % dans les pensionnats pour autochtones canadiens ? Tout cela s’apparente à des pratiques de nettoyage ethnique.

Plusieurs études ont conclu que l’expérience traumatisante subie, pendant des siècles d’assujettissement colonial, par les Premières Nations a profondément perturbé le processus de formation de leur identité culturelle. Encore aujourd’hui, plus de 100 femmes autochtones sont tuées chaque année victimes de violence. J’ai été ébranlé par les histoires d’horreurs racontés dans le livre choc « Silence de l’histoire sur l’holocauste canadien », que l’auteur, Kevin Annett, ex-pasteur de l’Église Unie du Canada, présente comme une « bombe de vérité et d’informations sur le secret le plus abject du Canada : l’extermination délibérée et systématique des personnes aborigènes non chrétiennes, de la côte Est à la côte Ouest du Canada. »

Je comprends mieux la crise d’Oka a et la révolte des autochtones à qui on voulait même retrancher leur cimetière. Ça m’a fait réfléchir sur les soi-disant privilèges dont bénéficient les premières nations…

Je comprends mieux les petits pas de danse que monsieur Harper est allé faire chez les Inuits. En bon ami il veut sûrement prendre soin des ressources de ces peuples du Nord…

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