Le Prix Robert-Lionel Séguin à Pierre Lahoud

Pierre Pruneau, Autour de l’Île, l’île d’Orléans, septembre 2010

L’Association Amis et propriétaires de maisons anciennes du Québec (APMAQ) tenait à souligner son 30e anniversaire de fondation en tenant son congrès annuel dans « un lieu considéré comme le berceau du peuple français en Amérique ». C’est ainsi qu’une centaine de ses membres étaient présents à l’Espace Félix-Leclerc vendredi le 10 septembre dernier pour participer à des conférences leur donnant accès à une meilleure connaissance de l’histoire de l’île ainsi qu’à la visite de quelques-uns de ses joyaux architecturaux.

Cet organisme qui regroupe plus de 500 membres à travers tout le Québec s’est donné comme mission de sauvegarder le patrimoine bâti. Il offre à ses membres de nombreux services : un groupe-conseil en sauvegarde répond aux questions touchant les problèmes de restauration, la parution de La Lucarne, quatre fois l’an, informe les membres sur différents aspects liés à la sauvegarde et à la mise en valeur du patrimoine, l’organisation d’ateliers sur les techniques traditionnelles (Ex. : portes et fenêtres anciennes en mai dernier à Neuchâtel) et même des recherches en assurances pour obtenir un formulaire-type pour les maisons anciennes sont des exemples de l’implication de cet organisme auprès de ses membres.

Vendredi soir, après le mot de bienvenu du préfet de l’île, M. Jean-Pierre Turcotte, c’est Roger Chouinard, architecte de la MRC et spécialiste de l’intégration des bâtiments dans leur milieu, qui a mis les congressistes en appétit en leur présentant un diaporama des plus belles réalisations en restauration de maisons anciennes sur l’île. Il a survolé les grandes périodes de l’histoire de nos bâtiments et montré de nombreux exemples d’intervention qui ont sauvegardé la valeur patrimoniale de bâtiments parfois très délabrés. Il a souligné que dorénavant la notion de patrimoine s’étend aux paysages, à l’environnement et au développement durable d’un territoire.

Enfi n, M. Louis Patenaude, président de l’APMAQ, faisait connaître le nom du lauréat du prestigieux Prix Robert- Lionel-Séguin 2010. Ce prix porte fièrement le nom d’un éminent ethnologue, collectionneur d’artéfacts touchant à notre culture ancienne et écrivain s’intéressant à nos croyances et à notre histoire. Il a laissé des écrits et des collections qui ont éclairé des aspects mal connus de notre patrimoine matériel. Pour cette 27e remise, le prix est attribué à M. Pierre Lahoud, de Saint-Jean, dont la vie entière est dévolue à la conservation et à l’identification de notre patrimoine. Une plaque et un certificat soulignent le travail acharné de ce grand spécialiste qui a fait ses premières armes au ministère des Affaires culturelles et qui, en compagnie de M. Henri Dorion, révèle aujourd’hui au monde entier les beautés de nos paysages par l’entremisede la photographie aérienne. M. Lahoud nous a fait quelques confidences : sous Gérard Morrisset, il a procédé à des inventaires de nombreux biens culturels éprouvant un certain dédain pour les objets du XIXe siècle, puis il s’est passionné pour la restauration du manoir Mauvide-Genest, l’enfouissement des fils dans les municipalités et la confection d’une trousse de sensibilisation des insulaires à leur patrimoine bâti. Il s’inquiète de l’avenir de nos églises. La restauration de la maison Drouin sera délicate à réussir sans que le bâtiment perde son âme… En matière de protection des paysages, M. Lahoud se demande si le littoral pourrait être récupéré par le gouvernement qui le protègerait et pourrait l’aménager. Il considère comme un gros défi de réussir à harmoniser le tourisme et la vie quotidienne des résidants d’un territoire. Tous ces propos montrent l’homme de passion que la retraite n’arrivera jamais à ralentir devant les nombreux défis que présente notre société en mutation.

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