« Bravo » monsieur Simard !

Chantal Potvin, Innuvelle, Sept-Îles, septembre 2010

C’est fait, le ministre Serge Simard refuse de décréter un moratoire sur l’uranium au Québec, donnant ainsi le feu vert à l’exploitation, malgré l’opposition qui résonne comme mille carillons et cent troupeaux de caribous.

À la question « Voudriez-vous d’une mine d’uranium derrière chez vous ? » cinq pages d’organismes, de citoyens, de médecins, de physiciens nucléaires, des personnalités artistiques et politiques, des leaders syndicaux, etc. s’opposent. Imaginez, des milliers de gens soutiennent le moratoire sur l’uranium et la fermeture de la centrale Gentilly 2. Ils disent non à l’uranium. C’est aberrant ! Lettres ouvertes, pétitions, même les médecins de Sept-Îles qui menacent de quitter la ville si le projet d’exploration d’uranium se poursuit. Des membres de ce groupement sont même allés interroger des gens sur le globe, en Serbie, en France, en Allemagne, aux États-Unis, en Ontario et en Saskatchewan. » Tout font le même constat : des gens sont malades, on remarque toutes sortes des maladies congénitales et même la pêche commerciale et l’eau potable sont affectées » écrivent-ils. Quelle belle façon d’attirer la compassion !

 

Des risques minimes

 

Évidemment, tous ces opposants sont verts, bornés et sans doute granos. Ils ne pensent qu’à l’environnement, sont égoïstes et ont des fleurs dans les cheveux. Évidemment, ces vingt médecins, qui ont tout au plus cinq siècles de scolarité, ne sont pas assez outillés culturellement et intellectuellement. Ils n’ont pas d’arguments aussi solides que le ministre Serge Simard pour avoir l’audace de refuser une mine d’uranium près de chez eux. Pour qui se prennent-ils ?

 

Et on en remet ! Risque de contamination de l’eau, de la nappe phréatique, problèmes de santé, pathologies dues aux radiations, libération du radon dans l’air et dans l’eau, gaz à effet de serre… Encore ! Tous ces détracteurs vont même jusqu’à utiliser l’argument, et ils insistent que l’uranium peut nuire de plusieurs autres façons : destruction de grandes surfaces de terre qui resteront stériles des années durant, usage de produits chimiques toxiques : ammoniaques, acide chlorhydrique, kérosène et eaux oxygénés, résidus miniers hautement radioactifs contenant des matières chimiques toxiques comme de l’arsenic, des nitrates et des métaux lourds. « Au Canada, c’est quelque 175 millions de tonnes de résidus qui jonchent le sol et tout cela est systématiquement déversé dans l’environnement », arguent-ils.

 

Et puis après ?

 

Ce sont là que des banalités d’écolos. Nous ne vivrons pas sur ces résidus et achetons donc de l’eau embouteillée pendant quelques siècles. Et l’argent ? Et les milliers de mètres déjà forés au Lac Kachiwiss ? Quels enfantillages !

 

Uranium et développement durable

 

Autre argument puissant. L’exploitation d’uranium et le stockage de ces déchets radioactifs ne s’inscrivent-ils pas dans le contexte de développement durable prôné par le gouvernement Charest ? Sans doute. L’uranium est dans la nature… Le document qui se rattache et la table des matières doivent en faire mention. Sans doute y a-t-il une rubrique Uranium. Il y a même un ministère du Développement durable et de l’Environnement. Le ministre Simard doit sûrement savoir ce qu’il fait et où il s’en va.

 

Une plus-value pour l’éducation

 

Le nucléaire et la guerre… Quelles belles valeurs à inculquer aux enfants de Sept-Îles ! Un professeur à ses élèves… « Demain, nous irons visiter la mine d’uranium du Lac Kachiwiss, à trois kilomètres de la rivière Moisie et à 13 km du Lac Rapide, là où nous puisons notre l’eau potable. Dans la salle d’exposition de l’usine, vous allez voir comment on fabrique des bombes atomiques à l’uranium 235. Il y aura aussi un film datant du 6 août 1945 : Hiroshima. C’est la ville du premier bombardement atomique de l’Histoire. Dans ce film, vous verrez les premiers noyaux d’uranium qui éclatent et la destruction d’un seul kg d’uranium qui libère 60 000 joules, soit l’équivalent de 15 000 tonnes de TNT. Et notre usine à nous produit des tonnes d’uranium. C’est extraordinaire, non ? Imaginez combien on pourrait tuer d’humains instantanément si Hiroshima a causé 250 000 morts, dont 75 000 sur le coup. Dans les jours qui ont suivi, il ne resta aucune trace des habitants situés à moins de 500 mètres du lieu de l’explosion. Aussi, les personnes qui étaient situées à 8 km ont toutes été brûlées au 3e degré. Incroyable n’est-ce-pas, la puissance de l’uranium ? Et nous avons notre propre usine ici, à Sept-Îles juste derrière notre école… »

 

Pour finir, les Indiens ne s’en mêlent

 

À Uashat mak Mani-utenam, une toute petite bande d’Innus vit près du lac Kachiwwiss. Leur chef, Georges Ernest Grégoire, veut aussi un moratoire tant sur l’exploitation que l’exploitation. Il s’y oppose. Un autre vert ! Il prétend que ces projets d’uranium pourraient détruire le gibier et les poissons sur le Nitassinan, territoire où sera construite la mine d’uranium. Voyons ! Ce n’est pas grave même si les poissons sont morts ou ont deux têtes et de drôles de nageoires, avec les revenus de l’usine, il y aura assez d’argent pour acheter du poisson. Au pire, chef Grégoire ira en acheter en Serbie ou en Allemagne…

Une citation du célèbre Autochtone Géronimo vient à l’esprit. « Quand le dernier arbre aura été abattu, que la dernière rivière aura été empoisonnée, que le dernier poisson aura été pêché, alors on saura que l’argent ne se mange pas. »

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