Le grand cirque

Vincent Di Candido, Échos Montréal, juin 2010

Il ne sert à rien de détailler toutes les malversations qu'on essaie de dissimuler au Parti libéral par un ton faussement solennel et outré, et une attitude que l'on veut indignée, malgré l'accumulation de preuves évidentes de favoritisme pour services rendus et contributions au Parti. Des ministres – et la liste est de plus en plus longue – s'efforcent en même temps de faire croire à la population que tout est « clean » et « spic & span ».

En haut de la liste se trouve évidemment le Premier ministre Jean Charest, qui s'obstine à refuser une Commission d'enquête dans le domaine de la construction, en dépit de l'avis de la population très majoritairement favorable à cette démarche. Il persiste, faisant preuve d'un cynisme assez aberrant, à soutenir que l'on n'a pas besoin de Commission d'enquête dans la construction, malgré l'évidence d'un système gangrené par la collusion, le patronage et l'intimidation. En fait, la seule qui a appuyé le refus douteux de Jean Charest, c'est la FTQ – Construction, dont les stratégies d'intimidation ont été décriées sur plusieurs tribunes, et qui est elle-même aux prises avec divers dossiers présentement sous enquête policière, dont le don de pots-de-vin et des demandes de contribution partisane afin d'obtenir certains contrats ou terrains.

Pendant ce temps, l'imperturbable ministre des Finances, Raymond Bachand, n'a rien trouvé de mieux à faire que d'augmenter les impôts d'une population qui peine à se remettre de la récession économique de 2009, au risque de freiner l'économie.

Pour compléter le tableau, soulignons l’impuissance stupéfiante de certains ministres, telle l'inutile Kathleen Weil, ministre de la Justice, dans le dossier des nominations de juges aux apparences biaisées ; ou encore le savoureux Tony Tomassi, ancien ministre de la Famille, qui s'est dit victime de racisme lorsque les journalistes ou l'opposition l'ont questionné sur ses attributions de places en garderie et ses campagnes de financement à la caisse du Parti.

Le comble de cette commedia dell'arte outrageuse, c'est cette attitude de vierge offensée autant dans les réponses aux questions des journalistes que dans ce cirque qu'est devenue l'assemblée politique où, dans l'entourage de Jean Charest et des ministres importants – malgré un manque de crédibilité qui devrait être gênant – on se fait fort de se lever et d'applaudir hypocritement à chaque déclaration insignifiante d'un collègue, transformant notre vie politique provinciale en une foire d'empoigne puérile, inefficace et stérile.

En ce sens, il ne faut pas s'étonner ensuite du peu de participation dans la population, dégoûtée par le cynisme des politiciens, qui n'ont en général qu'un but : défendre leurs propres intérêts, souvent au détriment de ceux de la population.

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