Nicole Vallée, L’annonceur, Pierreville, le 1er juin 2010
Quand on arrive au Centre d’interprétation, une petite note nous avise de sonner et nous promet qu’un sourire sympathique viendra nous répondre : ce fut celui de Guillaume ! Dans son cas, on aurait pu ajouter… un être amoureux de la vie qui bat autour de lui, passionné par son métier et généreux de son savoir. Un professionnel, quoi !
Un bon pédagogue
En tant que biologiste, ses principales tâches consistent à développer des projets pratiques pour le Centre d’interprétation. Il donne également des ateliers de sensibilisation dans des groupes scolaires, ce qui le rallie, au plus haut point, à ses priorités : « Si l’enfant n’est pas en contact avec la faune et la flore qui l’entourent, il manque quelque chose dans son développement. »
Quand il élabore sur ces fonctions, il laisse toute la place au guide naturel qui ne dort jamais en lui. Il dit qu’il aime apprendre des autres. C’est le propre des gens qui aiment expérimenter pour redonner… et lui, il en a les qualités. Son discours est rempli d’exemples qui nous rendent la connaissance abordable. Il applique ce principe de base rencontré chez tout bon pédagogue : « Je m’arrange pour que ce soit facile à observer. Quand je montre quelque chose à quelqu’un, il sait que ça lui est accessible ».
Il n’endosse pas le discours alarmiste des environnementalistes : « Les gens qui disent qu’il n’y a rien qui se fait, c’est parce qu’ils ne sont pas au courant de ce qui se fait ! » Il souligne que ce n’est pas son rôle d’inquiéter ; il préfère consacrer ses énergies à divulguer des informations et des moyens d’action pour nourrir la résistance à ce qui risque de se dégrader autour de nous. « T’es capable d’avoir un impact à petite échelle. Tu peux avoir un tas de roches sur ton terrain et tu contribues déjà à augmenter le potentiel de conservation. »
Au Québec, on n’est pas plate !
« La principale tâche que je me donne quand j’arrive sur le terrain, c’est de montrer qu’au Québec, on n’est pas plate. » Vous pensez qu’il y a de la musique dans son lecteur de type iPod ? Non ! Ce sont plutôt des sons provenant d’oiseaux, de grenouilles et d’insectes. Il les a recueillis pendant ses heures d’observation… souvent sans quitter la cour !
Depuis qu’il a une sécurité d’emploi et donc financière, il peut se permettre de donner du temps. En ce qui le concerne, ce sont les conditions qui ont favorisé ses implications bénévoles. Il a choisi d’œuvrer avec le groupe SARCEL dont la mission principale est la restauration d’habitats fauniques facilitant la halte migratoire de la sauvagine et l’encadrement d’une chasse contrôlée. Il est, entre autres, responsable d’un groupe de jeunes, entre 14 et 24 ans, qui sont la relève des chausseurs et des piégeurs actuels. « Je ne montre pas à chasser. J’essaie d’inculquer des valeurs fauniques. Exemple : Tu tues du canard, mais arrange-toi pour qu’il y ait du canard. »
Depuis deux ans, question de voir ce qui se faisait d’autre au niveau environnemental dans notre région, il est devenu administrateur pour COPERNIC (Corporation pour la Promotion de l’Environnement de la Rivière Nicolet).
Guillaume a le sens de la reconnaissance ; il se rappelle qu’à Emploi-Québec, on l’a aidé à trouver son premier stage de travail. À son tour, il veut en aider d’autres. Il est donc engagé dans le marathon de l’emploi pour introduire des jeunes auprès d’employeurs potentiels. Et quand il lui reste du temps, il met à profit ses talents de comédien dans les animations organisées chez les scouts par un de ses frères.
Parce que j’aime ça !
« J’ai choisi d’étudier quatre ans en biologie, pas parce que je voulais en faire un métier, mais parce que j’aimais ça. Souvent quand une personne prend sa passion pour en faire un métier, ça tue la passion. » En ce qui le concerne, ce n’est pas près d’arriver car il a une façon bien à lui de l’entretenir : « je suis hyper curieux… et pour combler ma curiosité, faut que je passe vite à autre chose. Je l’essaie… je l’ai fait… je passe à autre chose. »
Guillaume est habité de la fougue de l’enfance quand il raconte ses premiers contacts avec le monde animal : son débit s’accélère, ses yeux s’allument, son corps s’anime… « C’est comme inné en moi. Chez nous, la moitié de ma famille est allergique aux animaux. Je n’avais pas le droit d’en entrer dans la maison. On n’avait pas de chien ni de chat. J’avais un pan de mur dans la remise… pleins d’aquariums avec des couleuvres, des grenouilles… J’ai eu des poules ! J’étais très jeune et c’était juste ça. Je m’amusais tout seul. Si je n’étais pas élevé dans le public, peut-être qu’aujourd’hui, je serais une personne solitaire. » Sa facilité à approcher, respecter et mesurer les gens, il la doit à son apprentissage dans l’entreprise familiale (épicerie Lafond à Nicolet).
Point de départ
« C’est beau la vie… hein ? Je ne suis pas dans la faune et la flore pour rien. Je m’émerveille à n’importe quoi et l’humain en fait partie. C’est pour ça que je ris tout le temps. »
C’est peut-être également pour ça qu’il dit préférer vivre au jour le jour, ne plus s’embarrasser de pensées noires et ne plus vouloir recevoir ni donner d’objets comme cadeau de fête ; il a plutôt proposé à ses frères de vivre des expériences ensemble et de se le dire seulement le jour même. Jusqu’à présent, l’un a eu droit à un cours de pilotage d’un jour ; l’autre à un vol dans un gros ventilateur ; inutile de vous dire que Guillaume a hâte au mois d’août.