Pierre Hébert, Le Haut-Saint-François, Cookshire-Eaton, le 28 avril 2010
Il faut dire oui à ses rêves, mais cela n’est pas gagné d’avance. Pour les atteindre, cela nécessite souvent du courage, de la détermination chevauchant même l’acharnement et bien entendu de la passion. Ces principaux ingrédients mis dans un contexte propice permettront d’atteindre ses objectifs.
C’est en faisant usage de ses qualités tout en façonnant sa chance, qui l’a conduite à la réussite professionnelle, que la jeune femme d’affaires Anne Marcotte a martelé un message d’espoir soulignant l’importance d’aller au bout de ses rêves et ses ambitions. Invitée par le Carrefour jeunesse-emploi (CJE) du Haut-Saint-François, dans le cadre du programme Défi de l’entreprenariat jeunesse, Mme Marcotte s’adressait aux étudiants à l’occasion de la Semaine québécoise des adultes en formation.
D’entrée de jeu, la conférence mentionne avoir souffert d’avoir été privée jeune d’études. « Vers l’âge de 13 -14 ans, mes parents ont décidé que je n’avais pas besoin d’étudier. Je rêvais de faire de longues études. J’ai dû me débrouiller jeune. J’ai étudié par les soirs ». L’invitée prendra plus d’une heure trente pour expliquer son cheminement, les nombreuses embûches rencontrées, parfois les injustices à surmonter, les opportunités à des moments où tout semblait noir et la rage du désespoir qui lui a permis de faire preuve d’imagination et d’audace pour effectivement réaliser ses rêves.
De secrétaire son premier emploi, Mme Marcotte mentionne avoir saisi l’opportunité, un bon matin, du départ de l’ensemble des membres du personnel de l’entreprise pour occuper un poste de vendeuse. Elle raconte comment avoir réussi à relancer cette dernière avec l’aide du propriétaire. L’intervenante parlera également de sa grande déception alors que le propriétaire décide de vendre l’entreprise à quelqu’un autre alors qu’elle avait déposé une offre d’achat.
De fil en aiguille, l’invitée mentionne avoir été contactée par ses anciens collègues ayant quitté la première entreprise pour lui offrir une poste de directrice générale et de ses actions au sein de leur groupe. Heureuse, elle se rend rapidement compte que cette dernière est au bord de la faillite. Impliquée, elle jouera un rôle déterminant pour relancer et restructurer cette dernière. « Après six mois, on fait nos premiers profits », dit-elle en ajoutant que cela compterait un prix lourd à payer. Pour y arriver, l’intervenante avoue avoir dérangé autour d’elle, demandé de faire plus, faire différemment. Cela lui vaudra un bon matin son renvoi par la conjointe de l’actionnaire majoritaire de l’entreprise. « Derrière elle, je voyais les sourires de ceux que j’avais dérangés », d’ajouter Mme Marcotte.
« Parfois dans les moments les plus sombres, tu vois une lumière que tu ne soupçonnes pas. Trois jeunes que j’avais engagés m’ont appelé pour dire qu’ils avaient démissionné parce qu’ils ne trouvaient pas ça correct et qu’ils étaient prêts à partir en entreprise avec moi. Je n’avais rien à perdre. Quand tu as un instinct de survie, tu deviens bien différente. Tu deviens hyperactive et tu fais des choses auxquelles tu n’aurais jamais pensé faire. La femme d’affaires qui voulait œuvrer dans le multimédia internet n’avait aucun équipement. « J’ai appelé chez Apple Canada à Toronto. Je me suis présentée comme entrepreneur et leur ai demandé s’ils me passeraient des équipements. Je leur ai raconté toute mon histoire. Ils m’ont répondu qu’ils ne prêtaient pas, qu’ils vendaient des équipements. Deux jours plus tard, le gars m’appelle et me dit qu’ils ont trouvé mon histoire bien drôle, qu’ils ont trouvé des équipements qu’ils allaient me passer. J’ai reçu pour 32 500 $ d’équipement prêté ». Mme Marcotte ajoute par la suite avoir décroché son premier contrat alors qu’elle n’avait rien produit encore, aucun local, ni même carte d’affaires. « Tout ce que j’avais à vendre, c’était ma passion, mais je suis sortie du bureau du client avec mon premier contrat ».
Après le rappel des équipements par Apple, la jeune femme d’affaires a dû se tourner rapidement pour rééquiper son entreprise. Exemple d’audace, elle mentionne comment à force d’appels téléphoniques frôlant le harcèlement, elle a réussi à faire partie de la première mission économique accompagnant le premier ministre du Québec de l’époque, M. Lucien Bouchard. Sur un groupe de 160 personnes, on comptait trois femmes dont elle était la plus jeune. De grosses entreprise comme Bombardier et la Banque Nationale et autres figuraient sur la liste des personnes. Racontant avoir été la risée de ses compétiteurs, elle mentionne comment elle a profité des 23 heures de vol aller-retour pour établir des contacts avec les membres de la mission et ainsi doubler son chiffre d’affaires en quelques jours.
Jouant d’audace et de conviction, elle raconte comment elle a réussi à convaincre le président de Transcontinental à l’époque de faire affaires avec elle. « Il m’avait donné 15 minutes pour lui présenter mon entreprise et j’ai mis mes tripes sur la table, ça m’a pris 45 minutes ». Elle racontera que l’entreprise lui a même offert d’acheter sa compagnie ce qu’elle fera plus tard pour un montant de plusieurs millions de dollars.
Besoin sans cesse de défis, Mme Marcotte raconte comment elle a dû se battre pour percer le monde de la télévision et produire une émission qui tient présentement l’antenne à Canal Vox et sur Web. L’émission Voir Grand est une sorte de star académie de l’entrepreneurship. On sélectionne des jeunes entrepreneurs, les encadre pour les aider à réaliser leurs rêves. La série en est à sa deuxième saison et a déjà permis à des jeunes entrepreneurs de se démarquer, mentionne l’invitée. Mme Marcotte se dit heureuse de pouvoir aider les jeunes à aller au bout de leurs rêves et c’est ce qu’elle souhaitait à tous les étudiants présenta lors de la rencontre qui se déroulait à l’auditorium de la polyvalente Louis-Saint-Laurent.