Mickaël Bergeron, Le Trait d’Union du Nord, Fermont, le 22 mars 2010
L’intimidation sur les chantiers de la construction fait partie des grosses nouvelles du mois de mars. Le sujet alimente toutes les tribunes. Les yeux sont rivés vers les milieux syndicaux et la Côte-Nord. Le chantier du Lac Bloom, près de Fermont, n’échappe pas à la tourmente.
L’émission Enquête de Radio-Canada, qui a lancé la tempête avec son reportage diffusé le 11 mars dernier, n’évoque pas précisément les cas du Lac Bloom. Cependant, des travailleurs du chantier de Consolidated Thompson auraient également subi de l’intimidation de celui que l’on surnomme Rambo, Bernard Gauthier.
Les actes auraient eu lieu les 16 et 18 février 2009. Un opérateur de machinerie lourde, Marc Bérubé, un ouvrier, Maxime Létourneau et le représentant de la FTQ-Construction, Bernard Gauthier, auraient « intimidé une personne ou exercé à son égard des mesures discriminatoires, des représailles ou toute autre menace ou contrainte ayant pour but ou pour effet de porter atteinte à sa liberté syndicale, de la pénaliser en raison de son choix ou de son adhésion syndicale », pouvait-on lire dans un constat dressé par le Directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP).
Un autre travailleur de Port-Cartier, qui désirait garder son anonymat, confiant à LCN avoir subi une intimidation similaire de la part de Bernard Gauthier, sur le chantier du Lac Bloom. « Je suis un père de famille et je n’ai plus de travail. J’ai été intimidé par un contremaître pour me rendre compte plus tard que mon syndicat, la FTQ, était de connivence avec la compagnie. Il faut que tu fermes la trappe et que tu entres dans le rang, sinon tu n’as plus de job ! »
Plusieurs travailleurs de Havre-Saint-Pierre se plaignent d’ailleurs de ne pas être embauchés sur le chantier de la Romaine, situé tout près. Une manifestation à ce sujet a d’ailleurs eu lieu le 15 et 16 mars derniers. « Nous voulons travailler. Nous possédons les cartes de compétences. Il y a un gros chantier dans notre cour. On y retrouve surtout des gens du Lac-Saint-Jean, parce qu’on n’est pas dans le gang des représentants de la FTQ. », dénonce Richard Petipas.
La plupart des propos et témoignages sur l’intimidation de Rambo envers les travailleurs reposent sur des témoignages anonymes. Toutefois, une conversation a été enregistrée où l’on entend le représentant du syndicat ne pas y aller de main morte. L’extrait a été diffusé lors de l’émission Enquête : « Tu vas fermer ta câlisse de yeule avant que j’arrive dans le coin. J’essaie de te dire le plus poliment possible. Jusqu’au moment où je te rencontre, tu es mieux de fermer ta câlisse de yeule. Tu vas voir quand Rambo va t’en crisse une dans les dents, tu ne la trouveras pas drôle ».