Projet de la Romaine : Négociations rompues entre Hydro et ITUM

Chantale Potvin, Innuvelle, Sept-Îles, mars 2010

Démêlons les cartes. Hydro-Québec et ITUM n’ont jamais signé d’entente de principe pour la Romaine. Pour dire les choses autrement, Hydro-Québec offre de l’argent pour avoir le silence total par la suite. Pour le chef Georges-Ernest Grégoire et son conseil, c’est un non catégorique. « Il faut penser aux générations futures », a-t-il signalé.

Uashat mak Mani-utenam est d’ailleurs la seule communauté qui n’ait pas encore accepté les propositions. En 2008 et 2009, les communautés innues d’Ekuanitshit, Nutashukuan, Pakutshipu et Unamen-shipu signaient avec Hydro-Québec auparavant et nous avons donc de l’expérience. Il ne faut pas y aller sur un coup de tête et perdre nos terres », a insisté le chef Grégoire.

« Il y a quelques mois, Hydro et nous avons entamé des négociations et cela a presque mené à une entente de principe. Je dis bien presque en lettres majuscules. Je déplore le fait que plusieurs médias aient affirmé qu’une entente avait bel et bien été signée et que nous la rejetions alors que c’est tout à fait faux. Il faut aller aux sources et déclarer les vraies affaires. Nous nous dirigions vers une entente, oui, mais nous souhaitions que notre population décide avec nous par un référendum. « Comme d’habitude, certains journalistes tentent de fâcher la population et mettre le feu aux poudres, pour que l’opinion publique se tourne contre les Autochtones. C’est malheureux », a insisté le chef Grégoire.

Pour l’instant, voici ce qui est sur la table. Le tout est évalué à 115 M $. Il y a d’abord une proposition de 75 M $ pour installer et faire passer les lignes de transmission sur quelque 500 km de nos terres ancestrales. Ces millions seront échelonnés sur une cinquantaine d’années. Hydro-Québec offre aussi 40 M $ pour que les Innus réalisent des travaux : routes, déboisement, constructions, etc. « Mais, après avoir signé, on ne veut plus vous entendre. C’est comme si on nous donnait des bonbons pour garder le silence à tout jamais. On ne demande à Hydro que de payer son loyer, mais on ne donne pas notre territoire. Il faut penser aux générations qui s’en viennent. Sur le coup, certains seront étourdis par les montants, mais ce n’est pas tant que ça » a argumenté M. Grégoire.

Effectivement, si on divise 75 M $ par 50 ans, cela donne 1,5 M $ par année. Si on divise maintenant cette somme par 3 200 résidents « propriétaires » des terres, cela équivaut à 469 $ par personne et par année. « Dans le fond, Hydro-Québec accepte pour l’argent mais voudrait que nous n’ayons plus un mot à dire après. On vous dit, signez l’entente et après vous vous retirez de tout à l’avenir. Je le répète, le problème n’est pas l’argent, c’est que nous ne voulons pas céder le territoire indéfiniment. C’est notre territoire, c’est reconnu et il leur faut vivre avec ce fait. C’est ça l’os ! », a réitéré Georges-Ernest Grégoire.

Il a ajouté que la Romaine consiste en un très gros projet qui touche une grande partie du territoire Nitassinan à partir de Schefferville, en passant par le Labrador et Fermont. « C’est vraiment énorme pour toutes les installations qui touchent à notre territoire », a expliqué le chef.

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