Les bureaux de poste ruraux en voie de disparition

Eliane Thibault, Le Haut-Saint-François, Cookshire-Eaton, le 28 octobre 2009

À l’heure où les entreprises cherchent par tous les moyens à couper dans leurs dépenses, Postes Canada ne fait pas exception. Les bureaux de poste ruraux sont menacés de fermeture, même si depuis 1994, un moratoire empêche le gouvernement fédéral de passer à l’action.

La députée de Compton-Stanstead, France Bonsant, a récemment reçu des pétitions des mains de Jacques Vézina, secrétaire de l’Association canadienne des maîtres de poste et adjoints. Si le décompte n’avait pas encore été fait au moment de notre rencontre, ce dernier affirme qu’à la grandeur du Québec, c’est environ 250 000 signataires qui se prononcent ainsi en désaccord avec la fermeture des bureaux de poste ruraux.

« Tout comme l’épicerie, le poste à essence, la caisse populaire et les écoles, les bureaux de poste sont un service à la population. Avec ces fermetures, ce sont les petites communautés qui sont appelées à mourir », estime-t-il. Bien qu’actuellement le moratoire gêne les actions du gouvernement pour l’interruption de ce service, M. Vézina spécifie que des clauses ont été modifiées, donnant ainsi la chance à Postes Canada de procéder aux fermetures.

En effet, les bureaux de poste ruraux sont sains et saufs, jusqu’à ce que le maître de poste quitte ses fonctions. « On ne parle pas seulement de mortalité ou de retraite. Un maître de poste de 22 ans qui obtient une promotion quittera et ne sera pas remplacé », confirme l’homme.

De plus, si le bâtiment est trop vétuste et nécessite des réparations majeures, là aussi Postes Canada se donne le droit d’interrompre son service. « Les gens recevront alors une lettre leur annonçant que le mois suivant, leur bureau de poste fermera ses portes ».

Alors que ces fermetures touchent les municipalités comptant moins de 10 000 habitants, c’est la MRC au complet qui se retrouverait ainsi privée d’un bureau de poste. Selon la députée Bonsant, outre les arrondissements de la Ville de Sherbrooke qui font partie de sa circonscription, tout le reste de son territoire serait touché.

Pour France Bonsant, il est donc important de conserver ce service puisque ce sont surtout les agriculteurs et les personnes âgées qui en souffriront. Le courrier ne leur serait alors accessible que dans une immense boîte postale installée au début du rang. « Les gens devront prendre leur voiture pour avoir leur courrier. Ceci sans compter que durant l’hiver, les gens âgés auront plus de difficulté dans la neige et les tempêtes », soutient la députée.

Par ailleurs, Mme Bonsant rappelle que les régions touchées sont également celles qui n’ont pas encore accès à l’Internet haute vitesse. « Pour ces gens, la poste reste encore la façon d’obtenir de l’information.

En ce qui concerne le volume annuel de la correspondance, Jacques Vézina confirme qu’il y a moins de lettres traditionnelles qui sont envoyées. Par contre, il soutient qu’avec le commerce électronique, entre autre accessible avec des sites comme eBay, davantage de colis sont expédiés. À ce jour, on estime qu’au Canada, ce sont environ 4 500 bureaux de poste ruraux qui seront touchés par ces clauses. Au Québec, le chiffre s’élève à 800.

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