L’antiquaire jamais démodé !

Roger Lafrance, Journal Mobiles, Saint-Hyacinthe, mai 2016

On ne peut certainement pas demander à un antiquaire d’aimer les modes. Raymond Lavigne, lui, ne s’en cache pas : il n’y a rien qu’il trouve plus beau qu’un objet qui a du vécu, qui a traversé les décennies, voire même un siècle ou deux, et qui trouve encore sa place dans notre vie quotidienne.

L’antiquaire fait partie du paysage du centre-ville, au coin de Calixa-Lavallée et de Sainte-Marie, à tel point qu’il semble avoir toujours été là. Et pourtant, même s’il administre le commerce depuis 18 ans déjà, celui-ci existe depuis beaucoup plus longtemps. En fait, Raymond Lavigne est pratiquement né parmi les antiquités. Son père était encanteur et, à l’époque, il criait encan dans un local de Douville tous les jeudis soir. C’est sa mère Jeannine qui a ouvert le premier commerce d’antiquités sur la rue Des Cascades, non loin de la rue Concorde. Lorsqu’elle est décédée, son père déménagea le commerce à son emplacement actuel et il lui en confia les rênes peu de temps après.

Ces vieux objets ont un cachet que les neufs, fabriqués industriellement n’ont pas, affirme Raymond Lavigne. Ils ont une histoire, un cachet. Ils sont chargés de souvenirs. « Même si je suis né parmi les antiquités, j’en apprends toujours, dit-il en prenant l’exemple d’une vieille bouteille de la Compagnie d’eau minérale de Saint-Hyacinthe qu’il vient de découvrir et de remettre en état. Je ne savais pas qu’il y avait eu une compagnie de ce genre à Saint-Hyacinthe ».

Eh bien, oui ! Dans son livre Au jour le jour à Saint-Hyacinthe, Jacques Fiset raconte que cette compagnie a en effet embouteillé de l’eau minérale, ici à Saint-Hyacinthe, à la fin du 19e siècle. La source d’eau, dite « des Salines », était située à l’est de la Ville, près de la terre du Séminaire, sans doute pas très loin de notre parc Les Salines.

Même si elle se tient loin des modes, l’antiquité n’y échappe pas. Aujourd’hui, les meubles anciens ont moins la cote, tout comme la vaisselle qui était pourtant très populaire il y a quelques années à peine. Ce qui est recherché actuellement, c’est tout ce qui est relié à la publicité : les vieilles affiches d’eau gazeuse, de bière ou de station-service. Les tableaux sont aussi recherchés, mais évidemment, c’est un secteur où il faut s’y connaître. Sa clientèle vient de la région maskoutaine, mais aussi de l’extérieur. Ce sont souvent des collectionneurs, des gens qui recherchent des objets précis, des amoureux fous d’un type d’objets. Il connaît ses clients. Souvent, quand il met la main sur un article recherché, il n’hésitera pas à les appeler pour leur signaler ce qu’il vient de découvrir. S’il peut être très gratifiant pour un amateur d’antiquités de trouver la perle rare, le plaisir réside souvent dans sa remise à neuf, les longues heures passées à tout défaire et à lui redonner son lustre d’antan.

Où trouve-t-il ses articles ? Dans la région immédiate surtout. Saint-Hyacinthe était une ville riche à une certaine époque. Les familles ont accumulé de beaux objets qui ont su garder leur valeur avec le temps.

L’antiquité a-t-elle de l’avenir ? Oui, répond Raymond Lavigne, il y aura toujours de l’intérêt pour les vieilles choses. Il note un regain d’intérêt chez les jeunes, souvent pour des objets que leurs parents ou grands-parents ont jetés parce qu’ils étaient passés de mode…

On ne s’en sort pas : les modes passent, mais curieusement, elles demeurent toujours attrayantes pour un antiquaire.